CHRONIQUES ALBUMS

Mine de rien, voilà 15 ans que les Bulgares de SEVI façonnent leur univers musical, oscillant entre hard rock mélodique et metal alternatif contre vents et marées. En effet, depuis la sortie du premier album « What Lies Beyond » en 2012, le groupe mené par la chanteuse Svetlana Bliznakova et le bassiste-compositeur Rally Velinov s’est imposé comme une figure incontournable de la scène rock/metal bulgare. Après « Follow Me » (2019), bien accueilli par la critique et encensé par Dieter Dierks, le producteur de SCORPIONS, SEVI a sorti en 2023 son quatrième et dernier opus en date, « Genesis », un album qui, sans révolutionner une formule qui marche, consolide un savoir-faire indéniable et une efficacité redoutable.

Dès les premières mesures du titre éponyme « Ghosts », le ton est donné pour ce qui sera le reste de l’album : avec ses riffs accrocheurs et son refrain fédérateur, le groupe joue beaucoup sur les alternances entre passages éthérés et envolées puissantes. À ce titre, la voix de Svetlana, véritable fil rouge de « Genesis », distille au travers des compositions un chant cristallin et des passages plus percutants (« Shattered », « Insane » ou « The Spell »). À partir de là, on sent que SEVI s’inscrit ici dans une tradition rock/metal mélodique qui rappelle à la fois les influences de ses illustres aînés, Evanescence et Within Temptation en tête, et ce, même si les Bulgares mettent un point d’honneur à conserver leur propre identité (« Hate You », « Unreality »).

Ainsi, en l’espace d’environ 40 minutes, « Genesis » déroule des morceaux bien construits, jouant allègrement sur différentes nuances et ambiances qui ouvrent un large éventail du hard rock énergique (« Dark Knight ») aux sonorités du metal mélodique et alternatif comme « Drowning », « Higher Than The Stars » ou « Hate You », qui flirtent avec des textures plus modernes, intégrant quelques touches électro et atmosphériques. Cette diversité dans les ambiances est un atout majeur de « Genesis », même si l’ensemble s’avère assez convenu.
Et même si les compositions ne sont pas d’une grande originalité, elles ont le mérite d’être bien exécutées et d’être construites avec intelligence. En effet, loin d’une simple enfilade de couplets / refrains / pont / solo calibrés, SEVI propose des compositions plutôt riches et dynamiques à l’instar de « Genesis » ou de « World That Doesn’t Fit », ô combien efficaces.

De plus, la production signée par le groupe lui-même est soignée et bien équilibrée, avec un son ample et moderne. On sent que ce bon vieux Dieter Dierks a fait des émules ! Seul petit bémol : il y a un léger lissage qui gomme parfois l’aspect brut que certains morceaux auraient pu gagner en puissance. Mais qu’importe, car l’essentiel est là : des compositions solides, une exécution sans faille et une sincérité indéniable dans l’interprétation. Que demande le peuple ?

Bref, en 12 titres, « Genesis » s’impose comme un album équilibré et abouti, prouvant que SEVI maîtrise parfaitement son registre. S’ils ne cherchent pas à réinventer les codes du genre, les Bulgares livrent un disque solide et efficace, qui ravira à coup sûr les amateurs de metal mélodique moderne.