CHRONIQUES ALBUMS

Près de 25 ans d’existence pour ce qui fut à la base le projet solo de Shatraug. En effet, SARGEIST a parcouru depuis toutes ces années un long chemin, s’identifiant comme un incontournable de la scène black nordique. Les Finlandais sont passés de démos aux multiples splits, et ont sorti en mai 2025 leur sixième album « Flame Within Flame », chemin d’introspection s’il en est, au cœur de la flamme toujours vacillante des Finlandais.

Ville Pystynen (aka Shatraug), également musicien chez HORNA (et bien d’autres formations de la scène extrême), s’est occupé pour ce dernier opus des guitares, des textes et des vocaux. Le grand changement de cet album sera donc le retour au micro de son principal leader. Toujours accompagné de VJS (Heinous, Nightbringer,…) à la seconde guitare, Shatraug accueille cette année un comparse notable à la basse, en la personne de Spellgoth, chanteur pour Horna depuis déjà quinze ans.
La musique des Nordistes n’a plus rien à prouver et figure dans ce qu’on pourrait interpréter comme une chapelle ardente du true black mélodique. Brûlante dans la rythmique et glaciale par les vocaux employés, SARGEIST offre une panoplie du genre dans toute sa splendeur. Album après album, les variations de leur style ont toujours su me contenter.

Tandis que « Feeding the Crawling Shadows » avait un son beaucoup plus lo-fi et poussiéreux, le dernier opus en date (2018 quand même), « Unbound », nous avait par ailleurs gâtés de mélodies envoûtantes et riches, un son propulsé au sommet et complété de nuées macabres, emportant tout sur leur passage. La rapidité de SARGEIST dans le riffing et la descente de fûts est aussi l’image que l’on garde et, de fait, les breaks lourdement pesés, hurlés et haineux sont largement appréciés.

Ainsi, l’ambiance reste sombre, voire mortifère. La voix de Shatraug s’applique parfaitement à la mélodie de SARGEIST, pari gagnant donc, pour peu que certains trouveront peut-être un manque d’intensité ou de hargne dans son exécution. Mais là aussi, il me faudra replonger dans l’entièreté de la discographie du groupe afin de déceler le positif de ce changement vocal. Shatraug crée en réalité une froideur et une amertume pesantes, tandis que les guitares et les rafales de batterie nous emportent insidieusement vers des sentiments toujours plus reculés.
« The Chant of Rotting Tongues » témoigne de cette « légère » monotonie dans le chant, acceptée par la diversité mélodique des guitares et l’ambiance glaciale ainsi créée. Les vocaux restent intangibles et viennent des tripes. Que demander de plus qu’un caractère affirmé lorsqu’on propose quelque chose de nouveau sous la chapelle ?

Le titre éponyme, au tempo ralenti par son introduction, nous engage vers des blasts plus rapides, puis vers une mélodie entêtante qui défilera tout du long. Un leitmotiv engagé et pris au sérieux de la part des Finlandais, tant leur jeu se veut répétitif et prévisible. Un gage de qualité et peut-être même de rigueur. On ne donne pas l’exemple sans de solides bases et une personnalité intangible.
La « flamme », symbolique de l’autonomie de l’humain, illumine de 9 pistes percutantes, dansantes et tellement mélodiques. Les riffs sont presque dissonants mais jamais graves, rajoutant du corps à ce dernier aspect. Jusqu’au bout, les fûts nous tourmentent et nous plongent dans un maelström de sensations, tant les instruments s’affolent et s’enragent. Pas de répit donc jusqu’à la dernière minute, en témoigne le dernier titre « Rite of Ascension », titre qui ne veut rien céder au concept de l’achèvement et, toujours, nous laisse dans un imaginaire bouleversant d’impétuosité.

Lineup :
Shatraug - guitare et vocaux
VJS - guitare
Spellgoth - basse
Nur-i-siyah - batterie