CHRONIQUES ALBUMS

Avec un lineup solidement défini, une notoriété grandissante au sein du label français Season Of Mist, mais aussi grâce à leur avidité de tournées, le trio de Kiev revient plus fort que jamais pour un sixième album intitulé “Songs to Sun”.
Premier opus d’une trilogie à suivre, STONED JESUS nous livre une ode rayonnante accentuée d’une certaine mélancolie, un passage personnel vers quelque chose de nouveau.
Pour cette nouvelle aube (“New Dawn” en est d’ailleurs le premier titre), Igor Sidorenko s’entoure de deux musiciens ayant officié pour White Ward entre autres : Yurii Kononov, ami de longue date et batteur au sein du groupe depuis l’an dernier, puis Andrew Rodin, bassiste, qui renforcera également le chant sur certains titres.
Les Ukrainiens, initialement sous le nom de “Stoned Jesus from the Outer Space”, ont décidé quelque temps après leur formation en 2009 d’alléger leur appellation pour quelque chose de plus direct et impactant. Ce côté “rock de l’espace” reste manifestement l’empreinte digitale du groupe, pointillée de notes de synthé et de chœurs aux résonances sidérales.

Le son de STONED JESUS est parfaitement reconnaissable dès la première note. La guitare, agrémentée d’une pédale d’effet au son bien stoner typé “desert rock”, pose les bases et réchauffe d’emblée l’atmosphère. Car sur platine comme en live, STONED JESUS ronronne et fait transpirer à l’image d’une traversée des États-Unis en plein soleil au volant d’une Cadillac. Sur “See you on the road”, Igor décrit un soleil haut dans le ciel et une pulsion délibérée de mouvement, synonymes d’un road trip sous la lourde chaleur des riffs.
Cependant, il n’y a pas que la lourdeur qui résonne sur ces “Chansons (choisies) pour le Soleil” ;
“Lost in the rain” est sans conteste le titre le plus mélancolique de l’album. Sous des airs de rock progressif, la mélodie lancinante nous transporte vers les œuvres de Radiohead sur la première partie, pour ensuite nous dévoiler un son subitement plus heavy puis résolument 70’s en faveur d’un solo final à la Pink Floyd.

Comparée aux compositions, l’écriture des textes est très épurée, voire minimisée, sur “Songs to Sun”. Pour autant, l’absence ou le manque de paroles se complètent avec une instrumentalisation toujours crescendo, un rythme quasi similaire au fil des chansons. Igor débute, tout en acoustique, puis la basse et la batterie secondent et donnent l’impulsion. La sauce monte progressivement jusqu’au point de rupture, où tout éclate, se déchaîne et implose. Le jeu fiévreux et suintant des Ukrainiens porte à ébullition nos plus grandes attentes et cette agitation, à ce point incontrôlable, permet à l’esprit un total lâcher-prise.
La cover rappelle d’ailleurs cette évasion, illustrant très sobrement le corps d’un homme enflammé en lévitation. Plus bas sortent les houppiers d’arbres plongés dans une brume épaisse. Là encore, le contraste est prenant, tant par les éléments que par la symbolique.

“Quicksand” est le dernier titre de l’album, que déjà, la sensation de manque survient. Armé de longues nappes instrumentales et de passages énergiques, “Songs to Sun” tient sa force dans la durée de chaque chanson, bien qu’on en aurait aisément apprécié plus.
Les derniers soupirs (“To become what you hate the most”) laissent présager quelque chose de plus obscur, voire haineux, pour la suite. Harassé et colérique de tout, fatigué de ressentir l’amertume de la vie sans en apercevoir les bons côtés, Igor nous quitte sur une note plus ténébreuse mais non sans fougue et vivacité.
En effet, Season of Mist prévoit de sortir le plus sombre “Songs to Moon” l’année prochaine, puis le plus progressif “Songs to Earth” par la suite…


Line-up:
Igor Sydorenko - voix, guitare, claviers
Andrew Rodin - basse, backing voice
Yurii Ciel - batterie, backing voice