CHRONIQUES ALBUMS

Après avoir adoré leur précédent album « Another Place » il y a deux ans, présent en chronique sur Pavillon, j’étais très impatient de découvrir leur tout nouveau disque et m’immerger dans leurs atmosphères si originales et personnelles. Edenya est toujours mené de main de maître par le guitariste claviériste et compositeur Marco et accueille des nouvelles recrues, Sylvie SJ à la batterie et Jean-Paul Cartigny à la basse, Juliette Carradec étant toujours fidèle à son violon et s’occupant en live les différents claviers. Quant au changement de vocaliste, il ne m’a pas inquiété une seconde. Même si la talentueuse Clélia Lenoble ayant hélas quitté le groupe, elle qui embellissait la musique de la plus pure des façons, je connais bien la nouvelle recrue Ingrid Denis pour avoir suivi ses précédents groupes Jirfiya et Oscil, très originaux et inspirés, et pour avoir également collaboré avec elle sur un de mes projets studio.

C’est donc en toute quiétude et enthousiasme que je pars pour un voyage en terre fraîche, progressive et lumineuse. Autant vous dire que je ne suis aucunement déçu ! Tout en écoutant pour la troisième fois ce bijou, je vous livre ici mes sentiments bruts et mon ravissement éclairé.

Le ton est donné par « Back from the endless seas » où nous voguons tout en légèreté au rythme d’une guitare acoustique céleste, de nappes de claviers copieux et de la voix magique d’Ingrid qui nous transporte déjà en d’incommensurables beautés imaginaires. Parfois quelques mélodies de violon viennent parsemer la majesté de la musique ici proposée. Entrée en matière parfaite suivie de près par « The outing », tout aussi intéressant et qui voit apparaître basse et batterie pour une osmose musicale entre les cinq acolytes.

« Little girl » continue à nous enchanter de ce son global d’ambiance feutrée, chanté divinement alors que « Foreign ground » nous transporte sur un terrain proche d’effluves arabisantes, chanson assez longue qui se développe en douceur, avec un pont d’ambiance au milieu et se terminant avec un furieux solo de guitare, accompagné de vocalises désespérées se perdant dans un horizon d’épices.

Place au premier pavé de presque dix minutes de l’album avec le morceau-titre, « The secret destination you are looking for » qui me fait immédiatement penser à Dead Can Dance, avec ces envolées vocales éthériques du plus bel effet, ces percussions à peine tribales, ce sitar discret derrière une mélodie lancinante de clavier. La guitare électrique s’invite en plein milieu et on se prend à imaginer un développement progressif et mélodique mais le thème reste langoureux, cette fois sans chant avec clavier et violon qui se partagent la mélodie. Je reste assez sur ma faim, un poil long tout de même.

S’ensuit une très belle valse « Flying dream » à nouveau acoustique dotée d’harmonies luxueuses, le chant d’Ingrid paraît toujours s’envoler dans la plus totale des libertés pour enchanter voire guérir nos âmes blessées tandis que « Princess of the light » nous ravit d’une mélopée presque enfantine, sauf sur la fin où Ingrid se targue fièrement d’un furieux moment suspendu digne de la grande Anneke van Giersbergen, magnifique !

« Like a falling leaf » se présente comme un interlude instrumental, un prologue où la guitare acoustique dialogue avec claviers et violons pour annoncer le second pavé de dix minutes, « My Burden », morceau dans la plus pure tradition du rock progressif, évolution constante et sympathique des thèmes joués, une plage instrumentale au milieu et un final assez plaisant. Etonnamment pas le morceau le plus enivrant mais ayant sa place en fin d’écoute.

Nous arrivons à la conclusion de ce voyage avec « Lady », où l’on se délecte toujours de l’osmose entre claviers somptueux et le violon lumineux de Juliette, et où une fois encore, Ingrid y brille de mille feux.
 
Cet album est tout simplement beau, léger et magique à la fois, parfois envoûtant, souvent enivrant, nous ravissant de mélodies simples et douces et immergeant nos sens et nos esprits dans une pureté musicale bienfaisante. A noter la fabuleuse pochette, qui transmet bien la teneur musicale et artistique d’Edenya. Un coup de maître, bravo messieurs-dames, votre musique est un régal !