CHRONIQUES ALBUMS

Chaque sortie d’album de Fairyland est un événement fantastique, de par la richesse de la musique proposée autant que la distance entre chaque réalisation. Hélas, le groupe a fait face il y a trois ans à la perte du compositeur principal, claviériste et guitariste Philippe Giordana, ce qui aurait pu annoncer la fin de l’aventure. Mais Willdric Lievin le bassiste originel a su perpétuer l’œuvre de son génial ami et a recruté trois excellents musiciens pour accoucher de ce « The story Remains » exceptionnel en tout point.
 
Mes émotions sont les mêmes que lorsque j’avais découvert le groupe en 2009 avec l’album « Score to a new beginning », j’avais trouvé le style passionnant et le tout semblait nouveau et tellement inspiré malgré le style assez « classique » maintenant qu’est le power metal symphonique. J’avais ressenti la même joie que lorsque le premier Rhapsody était sorti, me disant en moi-même « Enfin, quelqu’un l’a fait ! » comme si j’attendais cette musique au plus profond de moi depuis des lustres.
 
On pourrait se dire que le style metal symphonique à tendance fantasy est dépassé en 2025 et que tout n’est que repompé et inspiré des plus grands. Il n’en est rien avec Fairyland qui, justement par des orchestrations chargées et mélodiques à souhait, nous transportent totalement dans leur univers et nous font nous transmuter sur un autre lieu, dans un autre temps, comme si nous vivions une épopée flamboyante et héroïque tout droit sortie d’un livre de Moorcock, Herbert ou encore Tolkien.
 
Si un album pouvait être parfait en tout point, je pense qu’il serait dans les premières places. Malgré la densité de la musique, de la place envahissante de tous les instruments et des recherches harmoniques qui forcent le respect, on n’est pas lassé une seconde et l’ennui n’est pas de mise ici. Le voyage est superbe, audacieux, transcendant même !
 
Mention spéciale pour les titres « Karma », « Hopeless Still »  (le refrain est un bijou d’émotions et le chant est magique), « Unity » et l’excellence symphonique apparaît sans nul doute sur « Postscript », je crois que je n’ai jamais entendu une pièce orchestrale aussi bien composée et aussi prenante du début à la fin pour un contexte metal sympho, chapeau bas, c’est du grand art et si vaillamment composé !

Parfois une touche médiévale s’invite clairement avec des flûtes virevoltantes, parfois l’aspect power-metal prend le dessus par des chœurs guerriers à souhait et des chorus de guitares et de claviers virtuoses.

Que dire de Archie Caine, chanteur anglais qui monte doucement en notoriété – son album solo « Tommy and the angels » sorti il y a quelques années avec notamment l’excellente Dianne Van Giersbergen est une merveille - et dont le timbre vocal détient quelque chose de doux et de puissant à la fois. Ce choix aurait pu paraître étonnant mais se révèle au final une force et un atout sans équivoque pour le groupe, même si, personnellement, j’ai une préférence pour Francesco Cavalieri, le chanteur précédent, timbre et tessiture plus larges et propices au style.
 
Petit bémol toutefois, le dernier morceau « Suffering ages » tranche un peu, en guest se trouve d’Elisa C. Martin, qui était à l’origine du groupe et présente sur les 2 premiers albums. Plus heavy traditionnel que le reste, on comprend pourquoi lorsqu’on sait que ce titre avait été initialement composé pour le projet de Willdric « Hamka ».
 
Cet album est un joyau des plus lumineux, l’ « Arkenstone » enfin retrouvé, l’un des plus beaux albums de l’année à ce jour et certainement l’un des plus inspirés et inspirants de tous les albums de metal français jamais sortis. Rien de moins ! Hâtez-vous de vous immerger dans cette musique envoûtante d’un autre temps, vous en sortirez immensément heureux !
 
 
Line-up :
Archie Caine – Chant
Willdric Lievin - Basse
Gideon Ricardo – Claviers
Brieuc de Groof – Guitares
JB Pol – Batterie
 
Invitée ; Elisa C. Martin - Chant