CHRONIQUES ALBUMS

DAGON signe un retour sous le signe de la mémoire avec une compilation de plusieurs titres issus de deux démos et d’un split, datant du tout début des années 90.
Les enregistrements complets figurent comme suit :

Pistes 01-05 extraites de la démo « Bound to Mutation » (1991)
Pistes 06-07 extraites de la compilation « Obscurum Per Obscurius » (1992)
Pistes 08-11 extraites de la démo « Four Paths to Lunacy » (1991)

Les quatre dernières pistes signent l’acte de naissance du groupe avec une première démo (rehearsal tape) pressée en totalité.
L’écrin d’anthologie a été confié, bien évidemment, à Stéphane Buriez et Bruno Objoie (ingé-son pour Loudblast, Supuration, Sepulchral, SUP,…) qui ont su garder un aspect authentique et “raffiné” à la musique de DAGON.

Sur la même période sortaient des albums comme « Neverending Destiny » d’Agressor, « Enjoy The Violence » de Massacra, et bien sûr « Desincarnate » de Loudblast. Et la liste est longue rien que sur le sol français tant le mouvement death/thrash prenait de l’ampleur. Beaucoup de formations ayant joué avec ces pontes du genre n’ont sorti que des démos et splits. Il n’en reste pas moins que le tape-trading et les fanzines contribuaient à faire monter certaines formations. Une époque révolue dont l’essence, le partage et la passion ne doivent pas se perdre. L’époque était également propice au “show trading”, comme nous le confie Guillaume, chanteur du groupe dans notre interview ! Imaginez une salle, une asso, de nos jours, faire venir des groupes d’une autre région en échange de faire jouer leurs propres groupes locaux dans cette région. Le partage et la passion. C’est ainsi que de fortes amitiés internes à la scène extrême naissent et font vivre de telles formations, créant des évènements souvent marqueurs d’un temps peut-être pas si révolu.

La volonté de DAGON de jouer un metal aliénant et défiguré est telle que, dès les premiers titres enregistrés, on s’aperçoit que la recette était déjà bien préparée. Le son vif et tranchant des compos alterne entre violence et fracas sourd, le tout agrémenté d’une intro laissant imaginer des monstruosités abyssales propres à l’univers de l’écrivain H.P. Lovecraft (« Relieve my pain »).
Même si elle n’est pas exclusivement cantonnée à l’œuvre de l’auteur tourmenté des années 1920, il n’est pas difficile de déceler l’âme torturée et hallucinée de ces écrits dans la musique des Hauts-Franciliens.
Guillaume Lefèbvre utilise ses cordes vocales de façon à en faire ressortir un souffle caverneux, profond et intense. Les riffs lancés en pleine poire conjuguent le tout et nous prennent aux tripes. Éventrés par les mélodies saccadées, on n’en ressort pas indemne.

Sur « It (that is not to be named) », la batterie est frappée avec frénésie, si bien qu’on remarque la place majeure que celle-ci prend dans le mix. « Fear and hatred » déballe une descente de fûts à en provoquer un arrêt cardiaque. Les guitares ne sont pas en reste, mais disons que ce son de fûts déchaînés n’est plus enregistré de la même façon de nos jours et c’est ce qui nous délecte.

Chaque instrument a sa place dans le mix, et cela transparaît sur la chaîne stéréo. Les guitares oscillent d’une enceinte à l’autre. L’effet est transcendant sur « Edge of Demise ». Alors sortez vos colonnes et amplis à lampes, les haut-parleurs se dépoussiéreront d’eux-mêmes.

Cette sortie marque un renouveau pour le groupe. C’est tout ce qu’on leur souhaite, et la violence a d’ailleurs déjà (re)commencé. Le groupe foule les planches et table sur un nouvel album.
Un grand merci à Great Dane Records pour ressortir ces productions de jadis, comme il l’avait fait il y a peu pour GURKKHAS.

En attendant, je vous laisse avec Guillaume pour une interview exclusive et riche d’anecdotes, en lien plus haut.