CHRONIQUES ALBUMS

Après une première démo « AEDIFICEM » publiée en 2019, SOLVERE revient aujourd’hui avec un EP de trois titres : « Poignard et Poison », initialement paru en 2023 puis réédité cette année dans une version CD incluant deux titres live bonus.

Évoluant dans un style à mi-chemin entre death et black metal, le groupe ne passe pas par quatre chemins et attaque l’auditeur dès les premières secondes de « Metamorphosis », à l’aide d’une rythmique appuyée, aussi bien pesée qu’efficace, et des hurlements de sa chanteuse Lucie, aka Ginger Sternwood. Alternant paroles en anglais et en français entre ses couplets et refrains, la chanson nous amène dans un univers sombre et torturé, avec toutefois un petit côté atmosphérique qui renforce la profondeur de l’œuvre ; une certaine douceur dans sa sombre complainte par laquelle on se laisse volontiers entraîner.
Cette dualité se retrouve sur « Negative Mechanics », dont l’agressivité est doucement noyée par la mélancolie, jusqu’à leur fusion parfaite lorsque la quiétude installée par le long pont du morceau se voit balayée par les cris déchirants de la chanteuse, qui démontre une maîtrise impressionnante.
« Les Siècles, les Abysses », entièrement en français, est, à l’instar de son texte, particulièrement hargneuse et viscérale. Résolument moderne, le black metal du groupe flirte avec un metalcore qui s’intègre à merveille dans ses compositions. Le français fonctionne bien et se révèle même incontournable lors du pont de la chanson, déclamé comme un slam.

Enregistré avec l’aide de François-Maxime Boutault (qui a notamment collaboré, dans la sphère metal, avec des groupes tels que Dagoba, Black Bomb A et Loudblast), « Poignard et Poison » fourmille de bonnes idées et forme, par son écriture et son mix, un ensemble qui, s’il parvient à surprendre, reste entièrement cohérent et laisse assez de place pour mettre en valeur chaque instrument qui le compose.
Poétique et tourmenté, SOLVERE livre avec ce premier EP un aperçu convaincant de son monde, ainsi que de son potentiel.