CHRONIQUES ALBUMS

Avec « Précipice », Inky Terra signe un premier album remarquable dans le paysage du métal alternatif français. Neuf titres, trente minutes, et suffisamment de densité (ou de rage contenue) pour captiver dès la première écoute.

Ce qui frappe immédiatement, c’est ce mélange : guitares tranchantes, riffs incisifs, mais aussi des dynamiques qui savent respirer. Inky Terra ne fait pas dans le tout-brut, le tout saturé : il y a de la nuance, des espaces entre les coups, des moments où la tension se pose pour mieux rebondir.

La section rythmique est « symbiotique », comme le dit la description du groupe : elle pulse, soutient, mais ne se contente pas de suivre — elle ajoute, creuse, entre dans le dialogue avec le chant et les guitares. Le chant, aussi, impose sa personnalité : un grain qui ne cherche pas l’imitation, qui tient à son identité.



Les textes ne se satisfont pas de la métaphore facile : ils donnent l’impression d’un regard critique, autant tourné vers l’extérieur (le monde, l’environnement, l’urgence) que vers l’intérieur (notre responsabilité, nos peurs, notre place). Cela renforce l’impact du propos, sans alourdir le message.

Parmi les morceaux, on retiendra *One Percent*, qui cristallise très bien l’identité de l’album : intensité, texture, refrain qui accroche.


Samuel Debout a effectué un travail remarquable : le mixage permet une clarté suffisante pour distinguer chaque instrument, tout en gardant la patine agressive désirée.

« Précipice » est, pour Inky Terra, une entrée en scène très réussie. L’album combine force, intention, personnalité et qualité de production pour proposer quelque chose de crédible dans le milieu du métal alternatif, sans compromis facile. L’énergie est là, l’émotion est là, le propos aussi.