CHRONIQUES ALBUMS

NOIRSUAIRE tire son nom d’un village infesté de vampires, imaginé dans un livre de jeu de rôle des années 90. D’emblée, tout porte à croire que le lieu de cette sombre entité semble funeste et lugubre. L’homme derrière le projet, désigné par la lettre N, vit dans les montagnes des Pyrénées, un cadre chargé par son histoire cathare et sa richesse panoramique.

N, Noir Suaire, ou “obscur linceul”, est un personnage ancré dans le culte du black metal des années 90. Le musicien compose et réalise quasiment tout pour son occulte projet (composition, imagerie, promotion). Il n’y a que la batterie que l’Ariégeois cédera pour les cinq EP sortis entre 2024 et 2025, ainsi que pour ce premier album « The Dragging Poison ». Agravh, ayant officié dans Acod et Beyond The Permafrost, prendra les baguettes dès le premier EP de NOIRSUAIRE (« Black Flame Of Unholy Tradition », galette dédiée à la mémoire de Peter Kubik d’Abigor). On distinguera par ailleurs, dans ce florilège de courts formats, l’EP deux titres « Death Comes Ripping », en hommage aux Misfits. Ce côté punk/rock se ressent à distance dans la discographie naissante de NOIRSUAIRE. Certains y entendront plus du Darkthrone, mais je trouve que la patte de N se situe aussi entre les pontes nordiques que sont Gorgoroth et Sargeist.

« Possessed by a Malignant Lust » dévoile un côté épique et sensationnel : la démarche funeste progresse à pas de loup, élancée sur des sentiers hivernaux tout droit sortis des univers inventés ou contemplés par Immortal et consorts.
La voix rugit comme un flot de purulence, une déclaration de guerre furibonde dont l’actrice est la colère elle-même. Cette fureur, mêlée aux blasts et aux mélodies accrocheuses, reste raw mais avec un fort accent d’acceptation. Le black metal nidrosien en est une forte inspiration également. Sans fioriture, le son de NOIRSUAIRE témoigne d’un respect total pour la mouvance du style pratiqué. Et il ne s’agit pas d’une énième imitation, mais bien d’une certaine prise de risque lorsque le travail est si bien fait, en solitaire et dans un grenier qui plus est.

Les atmosphères sont spectrales, glaciales, guerrières (comme Marduk) ou encore vampiriques (Cultes Des Ghoules). Les injonctions sont jetées, criées en plein visage, comme si le vampire dissimulé sous la cape de N nous mettait en garde contre la maladie engrangée, la mort se faufilant, les ténèbres approchant.
L’album a l’honneur de sortir chez Osmose Productions le 26 décembre, ce qui n’est pas insignifiant pour un premier long. Mixé et masterisé par Sébastien Tuvi au BST Studio (Hell Militia, Aosoth, Sotherion), « The Dragging Poison » voit également son illustration signée par l’illustre David Thiérrée (Behemoth, Warloghe, Mork, Ihsahn, etc.), dont l’art sombre et symbolique caractérise une fois de plus l’univers convoité. La posture du squelette à peine sorti de son cercueil effraie par sa noirceur et sa profonde solitude dans un décor abandonné.

Seul dans l’ombre mais tout de même bien accompagné dans la post-production, N nous révèle tout ce que le black metal peut offrir, à savoir une énergie pure et provocatrice, un espoir dans la lumière aveuglante de la modernité à déchoir.
L’artiste ayant accepté de répondre à quelques questions, je vous propose de lire l’interview en lien plus haut afin de mieux cerner le personnage.

Tracklist :

01. Intro – Thousand Throats Thousand Spears
02. The Trance Of Bedless Bones
03. Fogged By The Leaves Of Pestilence
04. The Dragging Poison
05. Possessed By A Malignant Lust
06. Interlude – Withering Veins
07. Enshrouded In Rabid Repugnance
08. Sworn By Sinister Wisdom
09. Noirsuaire