CHRONIQUES ALBUMS

Il y a des disques qui ne prennent pas la peine de frapper avant d’entrer : ils s’infiltrent, s’immiscent, envahissent l’espace comme une brume toxique. « De Venom Natura », le nouvel album de Ponte del Diavolo, fait exactement ça.
Le groupe, déjà remarqué pour son approche à la fois mystique et charnelle du metal extrême, pousse ici son univers plus loin que jamais — et surtout, plus profond.

Dès les premières secondes, on sent que le groupe n’a aucune envie de jouer la carte de la facilité. Les guitares serpentes, parfois presque liturgiques, se frottent à des riffs acérés qui respirent la crasse, la colère et l’urgence. Le chant, mouvant et spectral, glisse entre incantation, rage contenue et éclats sauvages, sans jamais perdre ce sentiment de transe qui donne à l’album sa couleur si particulière.

Ce qui marque, dans « De Venom Natura », c’est sa tension permanente. Chaque titre semble naître d’un équilibre instable entre beauté et poison, entre lourdeur et légèreté, comme si Ponte del Diavolo cherchait constamment la ligne exacte où le metal devient rituel. Les morceaux montent, se resserrent, explosent… mais toujours avec cette élégance presque déviante, cette manière de tordre les codes sans les renier.

Les atmosphères sont épaisses, humides, presque organiques. On pense parfois à une version plus sensuelle et plus occulte du black metal moderne, ou à un doom qui aurait troqué la pesanteur pour la fièvre.

Le résultat ? Un album hypnotique, sombre mais terriblement vivant, où Ponte del Diavolo affirme une identité déjà très mûre. « De Venom Natura » n’est pas seulement un disque : c’est un passage, une offrande, un venin qui s’infiltre lentement mais sûrement.