A L’instar de formations embarquées dans le même bateau telles Charon, The 69 Eyes, For My Pain et H.i.m, To/Die/For n’est plus à présenter. Valorisé par nombres d’albums convaincants, faciles d’accès et à l’accroche travaillée ("All Eternity", "Epilogue", "Jaded"), les Finlandais, malgré une absence certaine de renouvellement, ont réussi à s’imposer comme fer-de-lance d’un Metal aux consonances mielleuses. Et c’est bien légitime me diriez vous, tant est notoire le potentiel du groupe à composer de très bons titres de Metal mélancolique. Nonobstant cet état de fait, l’auditeur un tant soit peu analyste est en droit de se poser cette question : Vais-je une nouvelle fois cautionner et honoré par mon achat une expression artistique qui s’englue toujours un peu plus dans le déjà entendu et le facilement consommable ?

En ce qui concerne donc ce "Wounds Wide Open", deux prises de positions antagonistes me semblent envisageables et logiques pour traiter le cas To Die For : la première consiste à être né hier, d’ignorer l’actualité du Metal gothique (scandinave, vous vous en doutez) de cette dernière décennie, avoir Nightwish comme unique référence et vous laisser transporter par cette efficacité mélodique irréprochable et ce sens du refrain "vient là que je t’attrape pour que tu me retiennes facilement". Se réjouir du caractère efficient des arrangements et de la production ne souffrant d’aucun manquement. Condescendre qu’évidemment et comme à l’accoutumé, le chant de Jape est parfaitement en place et le timbre de celui-ci, suave à souhait inondera de bonheur les jeunes adolescentes découvrant par hasard qu’il existe une alternative masculine à Evanesence et Lacuna Coil.

Beaucoup moins réjouissante est la deuxième possibilité s’offrant à nous, en effet To Die For ne se permet aucune fantaisie artistique et nous propose une nouvelle fois cette même et incessante rengaine, des claviers (qui au passage ne manquent pas d’être parfois à la limite du supportable tant ils sont ostentatoirement mis en avant) et une prévisibilité quant à l’enchaînement des propos réellement effrayante. Aucun titre ne porte en lui le moindre effet de surprise et deux écoutes suffisent amplement pour sonder, de fond en comble, la matière artistique enfermée dans cet album. Pour sûr, ça en deviendrait pathétique car à force d’écrire avec la même plume, la feuille se tache.

Passé l’effet de poudre aux yeux, que nous reste-t-il ? Et bien, tout d’abord, très peu de qualités sensées affronter la terrible épreuve du temps et secondairement une certaine forme d’agacement dû à cette volonté farouche du groupe à ne pas se remettre artistiquement en question. Ecouter la nouvelle livraison de To Die For, c’est comme vivre avec la même femme depuis des lustres, on sait exactement à quels moments elle va dire une connerie, irritant vous dis-je ! Dès lors une chose est certaine, on est loin de posséder avec ce "Wounds Wide Open" la huitième merveille du monde.