Magna carta est vraiment un label complètement atypique de la scène rock, capable de signer aussi bien des formations de hardcore brutal que des groupes venus d’horizons musicaux complètement à l’opposé ! Une ouverture d’esprit indispensable à l’heure où le sectarisme intellectuel semble vouloir de plus en plus s’imposer aussi bien dans le domaine qui nous intéresse que dans un contexte plus général. Une qualité qui n’a pas manqué de m’interpeller l’oreille, moi qui depuis quelques temps me morfonds à l’idée de trouver enfin la perle rare … pourquoi donc ne pas découvrir en ces temps de disettes, d’autres univers, d’autres sensations, pourquoi ne pas regarder ce que l’horizon a à nous offrir de neuf. C’est en compagnie des Américains de Tempest, formation de rock celtique et peut être par pur moment d’inconscience juvénile ou d’ennui, que je me décidais à faire le grand saut dans le gouffre sans fond de la découverte !

Tempest pratique un genre qui malgré ce que certains pensent n’est pas vraiment accessible à tous, en particulier à ceux qui n’aiment pas trop mettre le nez dehors, un style qui de part sa forte connotation « aimons nous dans les chants » risque d’en rebuter plus d’un ! Point de gros riff, point de gros roulement de double grosse caisse, point de hurlement porcin, point de paroles blasphématoires ! Le monde que déroule ces « pirates » là sent bon les landes bretonnes, les embruns océaniques et l’hydromel, impressions bien entendu renforcées par la présence de deux instruments emblématiques du folk rock à connotation celtique le violon remarquablement bien mis en valeur et joué avec une certaine classe, ainsi que la cornemuse qui renforce un peu plus l’attachement viscéral à l’énormité sans limite de l’océan ! Idées largement développées tout au long de ce disque… il est d’ailleurs très facile de se laisser bercer par quelques mélodies bien senties comme sur le superbe instrumental « Black Eddy » qui raviverait la flamme païenne du plus citadin des barbares de ce monde ! Cependant ne vous y trompez pas, le tout même épaulé par une production relativement puissante bien que très typé 70’s, reste bien sage, très propre, où la technique des musiciens tend par instant à éclipser un peu le coté organique que serait en droit d’attendre tout bon amateur de folk. De plus le manque de variété et le coté répétitif des titres, fera glisser tranquillement l’auditeur aussi bien averti que novice vers les chemins moins réjouissants de l’ennui ….

Troubadour et ménestrel de tout bord, n’hesitez pas cependant à oser approcher ce qui vous reste de conduit auditif de cet objet, car malgré toute ses petites imperfections, « The double cross » reste une œuvre honnête et rafraîchissante … allez une dernière petite danse ?