Y aurait-il une crise frappant le heavy métal actuellement ? le manque d’originalité des « grosses pointures » et l’émergence réduite de nouvelles formations de qualité porteraient à le croire ; du moins en France car l’intérêt pour ce style musical dans les pays asiatiques n’a pas faibli, comme le montre les taiwanais de Seraphim avec « Ai » leur troisième album.

De prime abord, le fait de recevoir une banale copie sur cdr, sans artwork ni informations peut effrayer, mais non, "Ai" n’est pas un simple coup d’essai mais bel et bien une vraie confirmation. Confirmation d’un style et d’une technique avant tout, le niveau présent sur l’album étant de bout en bout très élevé, avec une rapidité d’exécution rappelant par moment Sonata Artica, dans un style toutefois moins virtuose. Les vocalises lyriques de la très jolie chanteuse (ce qui ne gâche rien) renvoient également Seraphim dans la catégorie Nightwish, même si le timbre de celle-ci varie peu dans la gamme et reste plus cantonné dans les aigus. Les duos qui interviennent par intermittence avec une discrète voix black demeurent toutefois bien nécessaires pour apporter quelques touches de variations à ces parties vocales qui à la longue peuvent paraître un peu monotones. Seraphim propose toutefois avec "Ai" un ensemble de compositions variées, faisant intervenir divers éléments sonores tels que claviers, chœurs, discrètes sonorités électroniques ou orientalisantes, où chaque musicien s’exprime selon les titres (hormis la batterie dans le son résonne curieusement en retrait, mais notez les solos guitares sur « Instantaneous », la grande classe…). Rien à dire, sur la forme, "Ai" constitue un très bon album de speed/heavy metal, qui à la pèche (avec bien entendu l’inévitable petite ballade, ici « Is that ? »), bien produit, et exécuté par d’excellents musiciens.

En revanche, Seraphim n’apporte rien de nouveau à un style déjà surexploité dans lequel l’originalité et le renouveau se révèle difficilement. Dommage, mais puisque le son est bon après tout, amis heavy métalleux, dédaigner Seraphim serait une grave erreur.