Si tout le monde connaît en France Primal Fear (fondé par Mat Sinner et Ralph Sheepers), on ne peut pas en dire autant de l'autre groupe du bassiste allemand (Sinner). Et pourtant...le groupe « Sinner » est beaucoup plus ancien que Primal Fear (le premier album date quand même de 1982) et certainement pas moins intéressant.

Même s'il existe certaines similitudes entre les deux groupes (les deux sonnent très « allemand », Tom Naumann -complice de longue date de Mat- gratifie les deux groupes de ses excellents solos), ils évoluent tout de même dans un registre sensiblement différent. Tout d'abord, le chant assez grave et rocailleux de Mat contraste pas mal avec le chant très heavy et aigu de Ralph (qui fait d'ailleurs une apparition sur l'album). Ensuite, la musique de Sinner est clairement plus mélodique et moins heavy que celle de Primal Fear. On sent bien au travers de la carrière de Sinner l'amour qu'a le bonhomme pour le hard rock traditionnel. Et on peut dire que cet album l'est, traditionnel. C'est même sa caractéristique première.

Ce Mask Of Sanity est un très bon album, très carré, parfaitement maîtrisé et extrêmement bien produit (par Mat Sinner lui-même, on est jamais mieux servi que par soi-même). Le seul vrai reproche que l'on pourrait lui faire est, précisément, qu'il est peut-être un peu trop traditionnel et pas assez aventureux. Bien évidemment, ce n'est pas à ce stade de leur carrière qu'ils vont se mettre à recruter une chanteuse et à faire du heavy metal symphonique (et heureusement d'ailleurs) mais on aurait tout de même aimé les voir explorer -ne serait-ce que légèrement- des territoires inconnus (comme Primal Fear l'a fait sur l'excellent Seven Seals). Ils auraient également pu faire l'impasse sur les morceaux les plus mélodiques (Badlands, The Sign) qui, sans être mauvais sont assez quelconques, ainsi que sur la reprise du Baby Please Don't Go de Thin Lizzy (Phil Lynott is God, Sinner beaucoup moins...).

Ces détails mis à part, ce Mask Of Sanity est vraiment très sympathique et comprend un sacré lot de tubes made in germany (The Other Side, Diary Of Evil, Black) et voit même par moment le clavier concurrencer les guitares pour des duels endiablés (Under The Gun). A défaut d'être révolutionnaire, Sinner maintien le cap et poursuit sa route en garantissant toujours un standard qualitatif assez nettement au dessus de la moyenne.