Avec une carte de visite telle que leur premier album « Spirit » il était évident que nos amis suisses d’Eluveitie allaient très rapidement attirer l’attention ! mais qui passait par là ? Nuclear Blast, et hop, l’affaire est dans le sac. Nouvelle production, nouvel album, voilà de quoi allécher les babines avant même l’écoute de Slania.

Mais ce sont avec les oreilles que l’on écoute, et non pas avec les babines ! ouvrez grandes les vôtres (d’oreilles) car Eluveitie ne tardera pas à vous les décoiffer. La nouvelle production octroie en effet un bonus non négligeable au niveau du volume sonore de Slania, bonus d’autant plus bénéfique que l’album présente un visage nettement plus « rentre dedans » et plus explosif que son prédécesseur. Pour ce faire, le groupe accentue sa recherche sonore en direction de la Suède, car si la touche de death made in Gotteborg se faisait légèrement ressentir sur Spirit, la voici franchement présente sur ce nouvel album. A raison ou à tort ? un peu des deux. Oui, le bon coté se remarque dans des compositions qui y gagnent en agressivité et en rage ; le mauvais point se découvre dans un résultat bien trop proche d’In Flames ou de Dark Tranquility auxquels on aurait donné une flûte ou un violon (« Tarvos »). Les similitudes, voir le mimétisme dans les guitares et surtout dans les des vocaux sont en effets troublantes voir gênantes et en toute honnêteté, cela fait du bien parfois lorsque les parties death suédois s’arrêtent pour céder plus de place aux instruments traditionnels. D’accord pour les influences, mais il ne faut pas trop pousser non plus. Heureusement, Eluveitie conserve sa marque de fabrique en la présence de ces éléments folk entraînants l’auditeur dans une jolie farandole, comme sur « Inis Mona » sur lequel le thème de « Tri martelod » renvoie à la tradition du pays bigouden (et non pas à Manau). La Suède ? la Bretagne ? pourtant la Suisse me semble assez éloignée des côtes non ? certes, mais Eluveitie n’en a cure et chante sans retenue les louange des traditions païennes à travers ses cœurs généreux ou son chant féminin folk (« Slanias song »). Certainement moins simple dans le sens de naturel que son prédécesseur, Slania se voulait sans doute comme le mélange de modernisme et de traditionnel, mais cette nouvelle évolution sonore se traduit parfois par une base rythmique au final un peu redondante d’une composition à l’autre. Les transitions instrumentales sont ainsi les bienvenues pour équilibrer un peu tout cela, tout comme le majestueux final « Elembivos ».
Aller, on fait péter le chouchen pour l’apéro, et on se repasse avec plaisir Slania pour une deuxième écoute, la troisième suivra certainement sans aucun problème.