Et si Dimmu Borgir allait boire une chopine avec Finntroll sur une terrasse d’un café à Lisbonne ? la rencontre est improbable mais le résultat aboutirait à quelque chose proche de Gwydion, la plus finlandaise des formations portugaises. Que dis je « finlandaise » ? car "Ynys Mön" puise son inspiration avant tout dans les mythes celtes et gallois, un patrimoine revendiqué à juste titre car rappelez vous, les territoires celtes s’étendaient historiquement du nord de l’Allemagne au Portugal, n’est ce pas.

Les Celtibères se saisissent alors de leur accordéon pour débuter une folle sarabande dont les ambiances varient du champ de bataille à la taverne (« Viking horned parody ») pour une entame d’album sur des rythmes folk déjà bien utilisés chez Finntroll. Mais coup de théâtre à mis parcours, où les musiciens laissent tomber le soufflet pour retrouver le synthé sur deux titres d’un black symphonique plus classique voir même un tantinet kitchounet (« Inquisition Queries »). Gwydion dispose en tous cas d’une belle énergie et d’une bonne production (option peut mieux faire) même si le mixage étrange au niveau de la batterie peine à mettre celle-ci en valeur, créant même parfois une sorte de fond sonore quelque peu confus (« Turning of the wheel »). Au détour d’une cavalerie, l’accordéon (synthétique ?) revient pour une fin d’album galopante où se mêlent chant clair, voix profonde chantée/parlée, titres black symphonique et compositions folk. Sacré mélange ! aussi étrange que l’association des termes « viking portugais » dans la même phrase. Mais au final, cette expression ne pourrait être que mieux choisie pour qualifier "Ynys Mön", un véritable album de guerriers. En effet, si l’esprit black des premières démos se retrouve sur cette réalisation, Gwydion semble mettre en évidence une certaine volonté d’évolution musicale.
Rappelons que si le groupe existe depuis 1995, "Ynys Mön" ne constitue en fait que la première réalisation longue durée de nos collègues ibériques et apparaît comme une sorte de tournant, de nouveau départ pour une formation qui dispose ainsi de bases, et des solides, pour avancer. Alors certes, si l’originalité manque encore, les amateurs de black folk ne manqueront pas de pouvoir compter sur un Gwydion au sommet de leur forme dans un futur tout proche.