Sathanas, c’est comme un bon camembert AOC de Normandie. Toujours le même goût, toujours aussi pestilentiel, toujours autant de charmes.

La réputation du groupe n’est plus à faire tant leur carte de visite s’avère être lourde. Actifs depuis 1988 : discographie jalonnée de démos, d’EPs, d’albums et autres splits. Une musique toujours égale à elle-même : un Thrash/Black Metal puissant. S’ils se répètent depuis 20 ans ? Non ! Tout en ne changeant par leur fusil d’épaule, les trois américains servent une musique qui est loin d’être médiocre. Si « Crowned Infernal » ne respire pas l’originalité, c’est un pur plaisir que de se laisser emporter au son de ces 40 minutes. Thrash/Black Metal, l’appellation vaut quelques éclaircissements. Ce n’est ni du Thrash, ni du Black. C’est un mélange tellement homogène et énergique qu’on ne saurait justifier l’étiquette. Des riffs tantôt Thrash tantôt Black (mêmes des piques de Death tiens), joués plus Thrash tu meurs avec le Marshall réglé pour du Black. Pour pousser encore plus loin le mélange, une voix Black avec un phrasé Thrash. Quant à la batterie, elle oublie parfois son conventionnel 'poum sthack poum sthack' pour s’énerver un peu. Un peu.

A peine l’écoute a commencé qu’on ne peut s’empêcher de taper la mesure au vieux cuir de nos rangeos, qu’on ne peut retenir notre tête de balancer en cadence et d’avoir quelques amers regrets pour la grande période où excellèrent des pointures comme Venom, Sodom, Possessed, Exodus, Hellhammer … j’en pense et pas des plus dégueulasses. « Crowned Infernal » a tout alors pour séduire puisqu’il jouit également d’une production excellente s’il en est, d’un packaging fort sympathique et de musiciens qui pètent en huit (au moins) la question de la technique. Oui, ils maîtrisent leurs instruments. Encore heureux au bout de 20 ans d’activité oseriez peut-être vous. Dois-je vraiment citer quelques noms pour vous prouver que ce n’est pas si naturel dans le milieu ? Je ne voudrais brusquer personne et vous laisserais donc ce soin. Une technique remarquable au service de riffs acerbes et belliqueux, de compositions super efficaces et dévastatrices, d’un album qui mérite qu’on y prête attention.

Ces quelques lignes se s’avèrent pas poétiques pour un sous, pas marquées d’envolées meurtrières. Mais allez vous faire voir. Mettez votre perfecto le plus râpé, procurez vous un camembert bien racé et une douce Pelforth. Il ne vous reste plus qu’à vous laisser prendre au petit jeu proposé par « Crowned Infernal ». Have fun. Uniforms are always changing, Rock’n’Roll will stay forever !

Un nouvel effort très appréciable pour Sathanas. Vous savez ce qu’on dit : c’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe.