Herrschaft, quelques temps après leur signature sur le prestigieux label italien Code 666 (ex-Aborym), un certain nombre de mois après la sortie de leur EP « Architects Of The Humanicide », les parisiens reviennent à la charge pour anéantir ceux qui avaient résisté à leur premier assaut.

«Tesla » s’avère sonner comme les premiers coups de reins entre la violence du métal, le groove de l’électro et les relents martialistes de l’indus. Certes l’accouplement n’est pas nouveau mais il est convaincant, pour une fois.

Pourquoi alors « premiers coups de reins » ? Hé bien car on sent la relative jeunesse de la formation. Point d’éjaculateur précoce ici mais quelques changements de cadence moyennement agréables, comme un trop grand écart de maturation entre certaines pistes. « The Grand Architects » et « Under Perfect Control » souffrent d’un évident manque de vitamines quand on les compare à des monuments de type « Human Soul », « I Am The One » ou encore « Chaostructure ». Une architecture un peu bancale n’empêche cependant pas les envolées divines quand beats et riffs vont de pair pour nous offrir de délectables minutes sur des routes alors qu’imaginairement tracées. Malgré quelques ratés, le voyage se passe bien, les paysages dont on n’osait rêver trouvent enfin leur bande son. De piste en piste les découvertes s’enchaînent et pour ne rien gâcher « Tesla » s’offre et technique et production et originalité. Oublions alors les grinçants passages niais façon drâme métallico-électronisant pour nous concentrer sur ce qu’il y a de bon. « Tesla » n’est définitivement pas un énième essai métal/électro – qu’on va vite s’empresser de renvoyer sur le banc de touche. Non, cet album est simplement … l’aboutissement que plus personne n’osait espérer. Mais alors, à quoi ça ressemble concrètement ? …Imaginez Punish Yourself et Marilyn Manson partageant un petit déjeuner soft, offrez un gramme de cocaïne à Rammstein, imaginez Tamtrum sans Zubrowska , réduisez un lexomyl en poussière et roulez votre billet de 5 à Alec Empire, tendez un bol d’acide au fils légitime de Satyr et de Lemmi et vous obtiendrez la nouvelle cuvée Herrschaft.

Vraiment, je n’ai que deux choses à reprocher à « Tesla ». D’une part ces changements dits d’inspiration entre certaines pistes que j’ai développé un peu plus tôt et d’autre part le mixage des guitares. Leur côté froid voire glacial leur ôte le relief qui aurait pu rendre l’écoute encore plus hypnotique. Dernier petit bémol à noter : l’inspiration MM vous arrache les oreilles sur l’extrême fin de l’album. Après vérification, ce sont bien les notes électrifiées de la tristissime « Coma Black », présente sur l’album Holly Wood, sorti en l’an de grâce 2000. Alors les mecs, pur hasard ou simple hommage ?

Alors que l’EP et la signature sur Code 666 pouvaient laisser entrevoir une évolution plus métallique, il n’en est rien. Beats et arpégiators, riffs acides et incisifs se marient à merveille sur cet album, l’un des seuls qui mérite l’appellation « métal/électro », à mon humble avis. Herrschaft, le groupe avec 8 consonnes et seulement 2 voyelles à son actif, Herrschaft les parisiens envers et contre tous, Herrschaft et leur volonté d’aller au bout du mélange tant convoité et si peu atteint … Herrschaft valide le test haut la main…

A quand la suite ? Vite … vite !