Froide est la Norvège, froide y est la pierre, le vent, une ambiance glacée que vient parfaitement illustrer l’iceberg "Kaoskult". Cette sixième réalisation d’Helheim se distingue ainsi des précédentes, en premier lieu de part le retour de Lindheim aux claviers, un retour influençant fortement une musique qui se propage le long des murs comme un lent courant de givre.

Un nouveau blizzard souffle par l’intermédiaire de "Kaoskult" : un vent chargé d’une musique plus progressive et expérimentale. Le black métal produit par Helheim se fait ici plus lent, plus dense, sombre, gelé. Les compositions à blast sont ainsi peu représentées (« Om tilblivelsen fra gapende tomhet », merci aux textes en norvégien, de nouveau au rendez vous) au profit de titres aux ambiances dark mélodique monumentales où les vocaux hurlés superbes s’entrecroisent, distillant une rage contenue. Comme la banquise écrase un navire tel une coquille de noix : lentement, mais sûrement, les mélodies cristallines de Kaoskult (« Andevind ») attirent l’attention, livrant ainsi un esprit désarmé au flot obscur d’un ensemble guitares/synthés torturés, les chants terminent le travail et la production, taillée sur mesure pour le style, congèle le tout.
Musicalement clairement recherché et pensé, comme le démontrent des titres très consistants voir complexes (« Altered through ages, Constant in times » et la fin d’album de manière générale) "Kaoskult" marque une nette progression de la part de ses créateurs : progression, évolution, utilisez le terme que vous préférez, voilà du changement quoiqu’il en soit.
Mélange de symboles plus modernes et de tradition, (car le très fort aspect culturel nordique se ressent en permanence et pousse sous l’album avec la force d’une plaque tectonique) le disque creuse les ambiances, ouvre de nouvelles perspectives et s’impose comme une pièce musicale à l’intérêt plus qu’évident, à découvrir sans retenue.