Rien qu'à voir la pochette de ce « Twilight and randomnsess », je me suis dit que je tenais quelque chose de différent. Effectivement, sevré du trve black de ses débuts, le trio norvégien d'Emancer propose sur cette nouvelle réalisation une musique à la fois extrême, raffinée et évolutive, qui dépasse les modes et les étiquettes. Une sorte d' »Opeth du black » en quelque sorte...

Ce qui frappe d'entrée de jeu, c'est la variété des ambiances et des sonorités. Si Emancer reste ancré dans des racines black mélodique, vocaux criards de Gorbag et blasts à l'appui, le trio aime à brouiller les pistes et jouer avec les styles. Parmi ces poussée de violence, le trio n'hésite pas basculer dans l'univers du progressif en plaçant de nombreux break ambiants, tantôt semi-acoustique dans la droite lignée d'Opeth (à la filiation parfois trop évidente d'ailleurs sur « The pointing finger » ou l'interlude « Twilight » par exemple), tantôt carrément dark-electro («The beast attacks »). Le tout déroule dans une grande fluidité, malgré la complexité des structures. L'influence d'Opeth se fait également ressentir dans certains choix sonores, comme l'utilisation fréquente d'un orgue Hammond millésimé (dès l'introductif « Dice man »), cher aux groupes de 70's et qui revient à la mode sous l'impulsion de jeunes fans, notamment la bande à Akerfeld.
Emancer va même plus loin que les suédois dans le domaine, car ils franchissent également les barrières de la musique électronique, par l'ajout toujours judicieux d'arrangements et de rythmes electro (« The pointing finger » encore), voir indus par moment. Cet éclectisme sonore fera bondir les puristes, c'est certain, mais la personnalité et la fraicheur qui ressortent des compos d'Emancer font vraiment plaisir à entendre, même si on perd parfois le fil de celle qui possèdent les structures les plus touffues.
Oubliez donc la mention « black metal » qui me semble trop réductrice par rapport à la richesse de la musique d'Emancer. « Metal extreme », voir « Dark metal » seraient plus appropriés, car moins réducteurs. J'aurai pu vous parler également des solos heavy, du chant clair qui offre une perspective gothique à certains titres, de la maitrise technique de l'impressionnant Mithrin qui s'occupe de tous les instruments (!) et de toutes les trouvailles qui se glissent dans la galette, mais plus qu'une description laborieuse, c'est bel et bien par une écoute attentive que cet album s'appréhende véritablement.

Difficile de se démarquer dans ce créneau, pourtant je pense qu'Emancer, avec « Twilight and randomness » a su intelligemment se renouveler sans couper ses racines, pour proposer une musique véritablement personnelle. Vivement déconseillé aux blackeux à l'esprit obtu.