CHRONIQUES ALBUMS

Ned Evett, peu connu par chez nous, est un guitariste mondialement réputé pour sa maitrise de la guitare fretless, qui est devenue sa marque de fabrique. 15 ans de carrière et quelques 700 concerts à travers le monde (dont notamment des premières parties de Joe Satriani) l'ont imposé comme LE maître de la fretless au yeux du public. Cette année, il sort « Middle of the middle » qui va nous permettre de découvrir son univers.

Ned Evett est vraiment un compositeur touche à tout, qui s'inspire non pas de ce qui marche, mais de ce qui sonne bien. Si les fondations sont résolument ancrées dans le rock et le blues, le guitariste se plait à mélanger les sons et les horizons. Ses compositions ont l'immédiateté de la pop, l'énergie du rock, le feeling du blues et se permettent des incursions dans le jazz, la funk ou la country, tout en conservant heureusement un caractère moderne. Parmi ses treize titres, malgré quelques passages au dessous de la moyenne à cause d'une accroche moins évidente ou d'un léger manque d'entrain, on trouve quelques petites perles comme les énergiques « Faded away » et « Criss cross applesauce », l'aérée « Middle of the middle », la groovy « Though it » ou la soyeuse « Shine like a diamond on me ».
Ned Evett propose une musique variée mais toujours posée, réfléchie, riche en recherche mélodique et qui s'avère être vraiment reposante. De plus, sa voix chaude, qui évoque parfois Chris Cornell de feu Soundgarden, possède un timbre très agréable qui sied parfaitement au style pratiqué. Et bien entendu, je ne peux pas ne pas évoquer l'élément central de l'album, ces fameuses guitares sans fretes, marque de fabrique de l'américain. Maitre de son art, Ned Evett possède un feeling incroyable, directement hérité du blues, qui associé à cette guitare particulière lui donne un touché tout en glissement et en fluidité, augmentant la palette sonore traditionnelle de sonorités rafraichissantes. Ses interventions sont toujours judicieuses, sans tape à l'oeil, l'homme semble littéralement caresser ses cordes pour en sortir toute la palette des émotions humaines.
On pourrait juste imaginer qu'avec un poil de folie et d'expérimentation en plus dans son jeu ou ses compos, Ned Evett pourrait créer quelque chose de véritablement original et inédit. Mais on a déjà quelque chose d'agréable à écouter, c'est déjà pas si mal.

« Middle of the middle » sans être particulièrement transcendant, possède une sorte de force tranquille qui invite à la détente. L'album idéal pour se vider la tête et rêvasser sur sa terrasse en se faisant caresser les tympans par les notes de la fretless. Amoureux de belles guitares, à vos disquaires.