Une pochette étrange, un logo illisible, un premier album curieusement intitulé « Anthology II » (en général on attend d'avoir sorti 15 albums et 6 live pour faire une anthologie, alors un volume II...), le quatuor Orléanais d'Akphaezya semble d'entrée de jeu ne rien vouloir faire comme tout le monde. Et musicalement ça se confirme, Akphaezya prenant un malin plaisir, à l'instar de groupes comme Unexpect, Atrox, Pin-up went down ou les projets de Mike Patton, à faire tomber les barrières du metal en associant l' « inassociable ».

Éclaircissons d'abord le titre: « Anthology II » est en fait l'un des cinq volet constituant le concept d'Akphaezya, cinq albums qui sortiront dans le désordre en commençant donc par le 2. De plus, cet album est le ré-enregistrement de leur premier album auto produit sorti en 2004. Vous suivez toujours? Cette nouvelle version d' »Antholgy II » bénéficie donc d'un meilleur son et de morceaux retravaillés pour l'occasion, offrant des conditions optimales pour pénétrer dans l'univers si personnel du combo. Si le concept en lui même est assez complexe (je vous laisse le découvrir sur le site internet du groupe...honnêtement j'ai la flemme de m'épancher dessus), on peut dire que la musique lui va comme un gant.
Les musiciens d'Akphaezya se plaisent à mélanger les styles: metal, rock, pop, jazz, musette, cabaret, blues, musique orientale... j'en passe et des meilleurs. Les compositions sont extrêmement riches en rebondissements et on ne sait jamais à quoi s'attendre, la surprise est quasi continue. On pourrait s'imaginer un joyeux bordel organisé à la Unexpect, mais ici les choses se passent au contraire dans une grande fluidité. Quelque chose permet à Akphaezya de proposer une musique certes complexe et aventureuse mais qui conserve une grande qualité d'accroche et une grande cohérence.
L'inspiration, la maitrise ou le talent, je ne sais pas.
Quoiqu'il en soit, passé les premières écoutes déconcertantes et forcement décourageantes pour certains, « Anthology II » s'impose finalement comme un album pas si difficile que cela à écouter et à apprécier garce à sa grande musicalité.
De très nombreuses écoutes seront tout de même nécessaires pour en cerner toutes les subtilités, les idées de génie comme les petits défauts. Oui, il y en a: quelques longueurs, des transitions pas toujours au top de la fluidité, mais globalement, c'est minime et ça n'entrave pas la qualité de l'opus.

De toute façon, il y a chez Akphaezya un élément qui par dessus tout fait la différence avec la concurrence, c'est sa chanteuse. Nehl Aëlin est capable de chanter n'importe quoi, c'est tout. Un air de piano bar ou une tirade d'opéra puis un growl agressif et finir sur des incantations orientales, tout lui est possible avec facilité et classe. Il y a une telle richesse vocale sur cet album que s'en est étourdissant. Il m'a fallu plusieurs écoutes pour me rendre compte que toutes les parties de chant étaient réellement assurées par cette seule demoiselle! Et mine de rien, le travail vocal est gigantesque, entre le chant, les chœurs, les harmonies... il y en a partout, sur plusieurs couches. Comme pour la musique, chaque écoute laisse découvrir une couche vocale supplémentaire. Rien à dire de plus, c'est du travail d'orfèvre et ça fera forcement la différence un jour ou l'autre.

Inclassable, indéfinissable, « Anthology II » est une première œuvre riche et aboutie qui augure du meilleur pour la suite. Suffisamment barré pour se démarquer, raisonnablement cohérent pour ne pas être hermétique, cet album n'a rien à envier aux pointures du genre...quel genre d'ailleurs? C'est feutré, violent, dansant, aérien, lourd, lyrique, psychédélique... C'est simplement unique et c'est surtout chaudement recommandé à tous ceux que l'éclectisme musical enchante.