Ils sont jeunes, ils sont énervés, ils sont motivés, c’est Trigger The Blooshed qui nous revient avec un nouvel album, un an seulement après la sortie de leur premier méfait « Purgation ». Rising Records, fort du buzz grossissant autour de ce groupe anglais, se charge donc aujourd’hui de faire savoir, à grands coups de slogans publicitaires, qu’il s’agit là du nouveau messie en matière de death/grindcore technique…

J’ai été surpris de lire dans plusieurs articles que Trigger était catalogué, pour son premier album, comme un groupe de deathcore dans la droite lignée de combos comme Job For A Cowboy ou Suicide Silence. Sur ce second disque, le groupe se rapproche nettement plus d’un death brutal fort traditionnel que d’un deathcore bien formaté, pour le plus grand plaisir de mes oreilles d’ailleurs. Les p’tits jeunots ont tourné avec des pointures comme Soulfly, Messhugah ou Cryptopsy, il sont effectué pas moins de 200 concerts en 2008, bref, la conclusion est vite faite, ils en veulent et se donnent les moyens de réussir. Techniquement, c’est du très lourd, tant au niveau des guitares que de la batterie, et les ziquos jouent quasiment tout le temps pied au plancher, ce qui donne un album extrêmement massif, bourrin, hyper carré et donc difficilement assimilable pour qui ne se réveille pas en douceur le matin avec un Deeds Of Flesh (par exemple).

Technique ok, production ok, énergie ok, mais, car il y a un mais, il manque à cet album un ingrédient majeur. Cet ingrédient qui donne toute sa saveur à un album : l’inspiration… Le groupe ne fait preuve d’aucune créativité, il évolue en permanence dans un death au riffs virevoltants qui ne se montre que rarement captivant, et ce malgré l’habileté des musiciens. L’ensemble s’écoute sans déplaisir mais les morceaux se suivent et se ressemblent, tous les titres de l’album dégagent cette satanée impression de déjà entendu. Les passages les plus marquants sont en fait ceux sur lesquels le groupe ralentit un chouilla la cadence et parvient ainsi à développer une atmosphère plus palpable. « Warbound », « The Dead World » et surtout « The Infliction Of Tophet » sont par exemple des morceaux royalement bien foutus, relativement variés, et qui tabassent donc avec intelligence, si l’on peut dire.

Trigger The Bloodshed a encore besoin de mûrir, de se forger une personnalité, car pour l’instant son death, certes efficace et moderne, manque encore d’envergure. Mais assurément, le potentiel est bien présent et « The Great Depression », à défaut d’être un album percutant, nous montre que la formation a un bel avenir devant elle…