Un deuxième album déjà signé chez Nuclear blast? Le label aurait il flairé un bon coup? Le groupe Blackguard (anciennement Profugus Mortis) n'avait pourtant pas fait beaucoup parlé de lui. D'où provient cet intérêt subi de la part d'un major? Tout simplement du résultat d'un concours ayant permis au groupe de signer chez nos chers allemands. Quelques minutes d'écoute du dernier album des canadiens suffisent néanmoins pour comprendre pourquoi.

Une intro de clavier, du heavy métal symphonique? D'accord, et le rythme s'accélère! Tiens n'est ce pas de l'harmonica ici? Puis au lieu de l'attendu chant heavy, un chant agressif surprend. La suite n'en est que plus déconcertante avec « This round's on me » et si Children of Bodom avait mangé un accordéon? Blackguard mise tout sur son métissage de styles et surtout sur sa rapidité d'exécution façon bandes accélérées. Les trompes et claviers façons épiques ne sont pas sans rappeler Rhapsody tout comme les similitudes avec la formation du sieur Laiho sont deux références évidentes qui transparaissent au travers des compositions de « Profugus Mortis », la touche folk en plus. Tout va très vite, chœurs, soli, transitions entre instruments, l'enregistrement de l'album aura surement causé quelques inflammations à des musiciens survitaminés, parfois un peu pressés. Pourtant malgré le choc frontal et la surprise passée se dégage une autre impression : celle de la vile copie passée en douce. Car en y regardant de près Blackguard ne développe rien de ce qui n'a déjà été fait auparavant, combinant les éléments harmonieusement entre eux, avec une belle rage et explosivitée mais sans se démarquer de ses influences largement explicites. Autant dire qu'en ce qui concerne le black métal, le mot ne sera citée que pour les vocaux car l'essence du style n'apparait à aucun moment, ni en fait aucune autre semblant d'âme réelle.
Alors oui, "Profugus Mortis" est un album superbement exécuté, il faudrait être sourd pour ne pas l'entendre, et les instrumentations folk bien exploitées (« Allegiance »).
Pourtant la technique ne suffit pas toujours et manque encore à Blackguard sa personnalité (s'en approche, sur un I demon » plus sombre), celle qui fait danser en riant les fans de Finntroll, ou celle qui fait le coté un peu déglingué d'Equilibrium, pour citer une plus jeune formation.

Le mélange folk et métal, ça marche, ce n'est pas nouveau, tous les pays possèdent maintenant un groupe officiant dans ce registre musical. Le coté speed de Children of Bodom, entre technique et agressivité, ça marche, beaucoup pourront en témoigner. Le coté métal épique, ça marche aussi, alors? Tout est réuni pour faire de « Profugus Mortis » la nouvelle bombe du moment et pour être honnête, tout fonctionne plutôt bien, manque encore le charisme et l'émotion.