Les Suédois de LION’S SHARE nous proposent leur sixième album studio intitulé "Dark Hours". Et pas de surprise, c’est du heavy metal, certes du heavy assez moderne, mais du heavy tout court aussi ! Et évidemment on retrouve un peu camouflés au long de l’album les harmonies et riffs nécessaires à tout album de heavy qui se respecte, à savoir les suites d’accord à la Maiden, les riffs à la Priest, comme on a malheureusement un peu trop l’habitude d’entendre sur des disques du genre.
Mais on savoure à côté de cela l’originalité certaine de "Dark Hours", car il faut le dire cet album n’en est malgré tout pas dépourvu. Rien que le groupe en lui-même est assez original : trois membres permanents (Patrick Johansson au chant, Lars Chriss à la guitare, et Sampo Axelsson à la basse), et des musiciens de sessions pour les enregistrements et les tournées. On retrouve alors derrière les fûts Richard Evensand (ayant officié sur les tournées de Chimaira, Soilwork ou encore Therion), et des musiciens guests comme le guitariste Michael Romeo de Symphony X. L’album est parsemé d’arrangements clavier assez cohérents avec l’esprit des 11 morceaux du disque, présente bon nombre de superbes soli de guitare très virtuoses (notamment sur "Judas Must Die" ou "Behind The Curtain"), quelques riffs bien sympa ("Space Scam"), ainsi que de beaux passages mélodiques ("Napalm Nights").
La voix de Patrick Johansson est assez atypique, officiant bien entendu dans les fréquences aigues comme la grande majorité des chanteurs du style, mais offrant en plus un grain naturel un peu agressif et un peu étriqué qui n’est pas déplaisant, et qui donne de la dynamique aux compositions, tout comme les arrangements vocaux, présents mais pas envahissants!
Cet album présente toutefois un paradoxe étrange. Lion’s Share réussit à nous transporter dans un heavy hétérogène, qui allie au heavy/power metal des sonorités très différentes, notamment dans les arrangements guitare, clavier, ou même dans certains riffs allant du hard rock au metal suédois typique, en passant par des influences de la NWOBHM non camouflées.
Cependant, malgré ces qualités et un premier titre excellent (Judas Must Die), l’album reste un peu plat dans son ensemble, peut-être la faute à une trop grande rigidité des mouvements de tempo, des fréquences des guitares, et on attend tout au long du disque LA tuerie metallique qui ne viendra malheureusement pas. Aucun emballement du rythme, malgré un batteur qui maîtrise très bien et qui a un jeu assez original, pas de riff assassin ou de passage mélodique dévastateur malgré un guitariste vraiment excellent.
On reste donc un peu sur notre faim après l’écoute de "Dark Hours" qui manque donc, à défaut d’une production excellente, d’âme et de réelle personnalité.