L'un des fleurons du métal technique à la Française, HACRIDE sort son troisième album "Lazarus" en ce printemps 2009. Est-ce celui de la consécration pour ce quatuor qui nous avais surpris agréablement en 2005 avec "Deviant Current Signal" aux accents très "Meshugghiens" ? Puis le combo avait en quelque sorte enfoncé le clou avec "Amoeba" en 2007, oeuvre qui se démarquait des influences du départ pour se singulariser au niveau des compositions, ce qui avait en quelque sorte propulsé Hacride dans le peloton de tête des espoirs Français du métal extrême.

"Lazarus" est installé dans le lecteur CD, et nous allons appuyer fébrilement sur la touche "play". Le groupe n'a pas peur et débute avec un titre de 15 minutes, oups ! "To Walk Among Them" nous invite au voyage cérébral avec du post-core torturé, allégé par des sons de guitare seventies et des dérapages prog bien sentis. On sent d'entrée de jeu que effectivement, la démarche progressive sera très importante durant l'heure d'aventures musicales extrême offerte par ceux de Poitiers. Le death complexe et déstructuré du départ s'est transformé au fil des albums et Hacride va caracoler en tête de l'expérimental hexagonal en apportant un mélange surprenant de voix claires fabuleuses aux accents "Floydiens", avec une voix arrachée, growlée, saturée de rage contenue.
Au milieu de ces compositions assez longues, "Phenomenon", un instrumental, semble couper la poire en deux, c'est le "trou Normand", pardon le trou Poitevin, qui va nous aider à assimiler la suite sans risquer la lassitude ou l'indigestion de sons. Ce morceau avec un petit air de piano insidieux et de plans de guitare ciselés, tranchants et lourds, nous insuffle une bouffée d'air frais. Du coup la suite n'est que plaisir jouissif une fois que l'on est entré dans le monde de "Lazarus". Et "My Enemy" peut terminer l'écoute du CD avec maestria en résumant à lui seul les mille facettes claires et death, sorte de clair obscur comme en peinture, avec des envolées extrèmes se déclinant en ambiances lourdes s'ouvrant sur des mélodies à la limite du stress existentiel actuel. La guitare se fait bavarde pour nous extirper du malaise et de la violence sous-jacente.

Hacride réussit à nous surprendre donc encore une fois avec ce troisième opus, et a trouvé une voie bien particulière dans une musique se démarquant presque totalement d'un Meshuggah et d'un Neurosis. Il faut donc reconnaitre ici un côté assez génial à l'image de l'artwork de couverture du CD, qui après écoute de la galette nous montre ce que pourrait-être en dessins la complexité des compositions de "Lazarus", excellent !