C'est à peine la galette posée dans les oreilles que j'ai compris que Kylesa ne pondait pas « un album de plus ». Après nous avoir gratifiés de deux opus plus qu'honnêtes, la bande de Savannah revient en ce début d'année pour nous offrir le fruit de trois années de réflexion. Kylesa remet maintenant le couvert avec « Static Tensions », puisant tour à tour dans son savoir-faire sludge, ses expérimentations psychés et bien entendu le grand méchant metal. Attention les copains, ça va barder.

Il est tout d'abord de mon devoir de vous rappeler à tous que Kylesa enregistre et joue sur scène avec deux batteries. C'est une particularité que le groupe assume avec d'autant plus de brio que sur « Time Will Fuse Its Worth » qui marquait l'arrivée du deuxième bucheron avec plus de timidité. Ici, les deux paires de baguettes sont utilisées avec classe, maîtrise, et versatilité... En effet, les compositions des Georgiens surprennent par leur capacité à nous faire voyager d'un psychédélisme stellaire grâce aux incantations inspirées de Philip Cope et Laura Pleasants (« Unknown Awareness », « Running Red ») à un sludge plus agressif dont la patte stoner ne trompera personne (« Nature's Predators »). Alors que le disque s'égrène lentement, force nous est de reconnaître l'efficace cohérence entre toutes les pistes. Et c'est peut-être ça le point le plus fort de « Static Tensions »: ne perdre son auditeur nul part alors qu'il explore des sonorités et des plans différents d'une chanson à l'autre.
Le son, d'ailleurs enregistré par Philip Cope lui-même, retranscrit à merveille le songwriting habité de cet opus. Les deux batteries tiennent parfaitement leur place dans un mix à la fois chaud (même si plus aussi poisseux qu'auparavant) et clair... La basse tient mieux que jamais son rôle indétrônable entre les deux batteries et les deux guitares alors que ces dernières crachent leur grain réverbéré au besoin, le tout se mariant admirablement avec les voix tantôt sauvages et tantôt chantées avec l'emphase toute incantatoire des deux guitaristes.
Si quelques appréhensions de mauvaise foi nourrissaient les débats avant la sortie de ce disque, force est de constater que le line-up à six réussit décidément bien à la bande à Laura Pleasants et Philip Cope. « Static Tensions » est un album implacable, épique voire dantesque et en tout cas maîtrisé de bout en bout, le genre de cd incontournable qui, soyez-en certains, sera cité dans quelques années comme référence par nombre de musiciens.
Au fait, si vous me cherchez le 19 juin je serai dans un petit village Vendéen sous une grande tente attendant impatiemment que le set de Kylesa commence...