Le plus simple pour rédiger une chronique est de faire une intro de quelques lignes sur l’historique du groupe, sa date de formation, son origine…etc. C’est simple, propre, et ça met d’entrée de jeu les choses en place pour aborder le chœur de l’article, la musique en elle même. Mais quelques groupes donnent envie de briser les schémas classiques de se laisser aller à des divagations plus personnelles et moins objectives…

Par un beau matin, alors que ma moitié était au travail et que mes gamines étaient parties à l’école (une bonne matinée donc), j’ai sorti de son enveloppe fraîchement reçue le cd de Grind-O-Matic, le bien nommé « Welcome To Grind-O-Land ». Avant même de poser une oreille sur la musique du groupe, j’ai su que j’allais avoir à faire à quelque chose d’énorme… Un packaging aussi original, chiadé et décalé ne pouvait que me promettre du bon, j’ai donc éteint la télé, débranché le téléphone, balancé le portable par le balcon, bref, je me suis mis en condition, un peu comme lorsque je regardais les pornos de Canal en brouillé il y’a un paquet d’années. Sauf qu’au lieu de PQ, c’est de bières que je me suis armé, histoire d’entretenir ma brioche naissante…

Bienvenu donc dans la fête foraine de Grind-O-Land, un univers où les monstres humains côtoient les pervers aux mœurs inavouables, un monde malsain qui prend forme à grand coups de blasts apocalyptiques mais parfaitement maîtrisés et de riffs hystériques parfois dissonants. Écouter cet album, c’est s’embarquer pour un tour de grand huit sans garde-fou, la chute est inévitable et vos tripes vous ressortirons par la bouche…

Pour toi qui te réveilles au fond, je te ferrai un court résumé. C’est de grind dont on cause ici, un grind hyper carré qui lorgne vers le côté pro de Fuck The Facts, mais avec un côté hardcore plus prononcé, genre Phobia. Ca bourrine donc dans tous les sens, mais avec tact s’il vous plaît ! Les rythmes sont plutôt variés, les riffs accrocheurs au possible, mais c’est surtout cette maîtrise imparable de la brutalité qui rend ce disque indispensable à tout fan de grind.

Pour faire mon chiant, je dirais que ce disque manque quelque peu de riffs vraiment marquants et que, malgré sa maîtrise instrumentale parfaite (enfin un vrai batteur, finie la boite à rythme !), il manque à ce disque des rythmiques purement headbanguesques à la Napalm Death. Ce petit manque de mid tempo plus terre à terre ne nuit toutefois que très partiellement à la qualité de l’ensemble, un concentré de puissance et de folie… Mention spéciale au dernier titre, longue cavalcade psychédélique de 15 minutes aux ambiances multiples qui résume à elle seule l’univers déjanté et à part de la formation.

Du grind original ? Oui; ça existe encore, et en plus c’est français, cocorico ! L’album est à l’image de sa pochette : un poil dérangeant (ce regard de vicelard !) et totalement à part. Grind-O-Matic se paie le luxe d’un quasi sans faute (quelques longueurs tout de même) et mérite largement votre attention.
En un mot, Welcome To Grind-O-Land !