Certains seront peut être surpris de l'apprendre, mais en Australie, il n'y a pas que AC/DC et des kangourous...il y a aussi des koalas, du rugby, une célèbre marque de bière et un opéra, ainsi qu'une scène underground, discrète, mais bien présente, d'où a déjà émergé par exemple le groupe Ikon. Loin du rock gothique de ses ainés, au tour d'Angelspit de paraître à la lumière, avec déjà une solide réputation au niveau de la scène de la musique industrielle.

Et autant le signaler tout de suite : le label n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour annoncer ses petits protégés, avec une revue d'album à encadrer sous verre et à accrocher au mur. « Hideous and perfect » serait il l'album qui « défini le genre industriel »? à voir.
Industriel, c'est sûr, le groupe est en plein dedans. Angelspit œuvre avec les sons tel un forgeron des temps moderne : gros riffs, boucles sonores, percussions métalliques, fonds sonore électronique, tout passe sous l'enclume pour en ressortir martelé, cabossé. Les compositions épurées mélangent ainsi ces apports pour un rendu sonore haché, souvent dissonant. Le duo vocal masculin/feminin est particulièrement mis en avant et le phrasé mis chanté/ mis parlé, presque rappé -en exagérant- (« Let em eat distortion ») et agrémenté de vocodage appuie encore davantage ce coté de martelage permanent.
"Hideous and perfect" est un disque expérimental, avec un large degré brut, mais surtout extrêmement répétitif et à la longue, légèrement rébarbatif. La musique industrielle se veut souvent réservée à ses initiés, avec des degrés de conceptualisation particulièrement forts et difficiles à appréhender, mais à un moment, peut être vaut il mieux arrêter de se la raconter. Avoir enregistré ses percussions dans un hangar désaffecté de Sydney, c'est bien gentil, mais le rustre béotien qui ne s'attarde que sur la musique constatera tout simplement que toutes les compositions se suivent et se ressemblent, remarquant par la même occasion que malgré un résultat qui, il faut bien l'avouer, ne s'entend pas tous les jours, Angelspit est loin de révolutionner son domaine.
Ceci étant dit, les percussions métalliques produisent leur petit effet, un accent de tranchant froid qui progressivement joue sur l'oreille interne et fait mécaniquement battre du pied. Les écoutes successives permettent également une immersion plus profonde dans cet univers cybernétique loin d'être superficiel. Le « As it is in heaven » permet d'adoucir les débats, proposant des beats plus soft, une alternative de douceur agréable après ce pilonnage en règle. Hideous and perfect montre des musiciens très engagés dans leur musique, mais qui aurait été sans doute plus appréciés dans un registre musical plus changeant.
La révolution industrielle n'aura pas lieu en 2009, ni le style redéfini, Angelspit poursuivant tout simplement les travaux d'expérimentations sonores de ses ainés. En ces temps troublés musicalement parlant, voir des groupes poursuivre des travaux de recherche sonore ne peut s'avérer cependant qu'être un constat positif.