Cela devient une constante dans le groupe de la chanteuse Liv Kristine Espenæs Krull (femme de Alexander, faut-il le rappeler) d’avoir sur la pochette le ciel sombre et gris des hautes terres, entourée de sa horde de musiciens, tous de noirs vêtus, avec une pointe de rouge dans le corset de la blonde. Pour ce troisième opus sous le nom de LEAVES’EYES, on ne se casse toujours pas la tête puisque l’on reprend l’ensemble des musiciens d’ATROCITY, LIV en valeur ajoutée bien entendu.

Qui dit nouvel album, dit ici de nouvelles expérimentations sonores, et franchement il était temps, afin de ne pas tomber dans le cliché et redondant. Que les mauvaises langues se rassurent, il y a des titres dispensables (« the holy bound » malgré une incursion de cœurs sympathique), mais il y a surtout de très bonnes surprises.
Mère nature sera le thème central de l’opus et le plus sera donc à aller chercher dans les orchestrations pseudo-symphoniques en arrière plan : parfois pompeux et inutile, parfois sublime. Au chant, évidement Liv s’en tire avec brio, comme d’habitude avec une voix claire et limpide, pour ne pas dire crystaline. Comment ne pas succomber à un « Irish rain », quasi rock acoustique, sorte de ballade irlandaise très mélancolique…
Nous noterons également le titre « Njord » avec des éléments classique de l’orchestre Lingua Mortis Orchestra, dirigé par Victor Smolski (Rage). Le tout avec un duo vocal complice féminin lyrique/masculin death vraiment bon. Pour ma part, une faiblesse pour le dernier titre « Frøya's Theme », avec mélodie entêtante, chœurs, orchestration, chant féminin/masculin qui est superbe.
A noter la « reprise » de Simon & Garfunkel « Scarborough Fair », qui passe comme une lettre à la poste nordique puisqu’elle est à l’origine une vieille chanson anglaise (moyen age) chantée par des bardes sur les ports marchands, inutile de vous dire qu’ici la cornemuse est de rigueur, on s’y croirait, quel talent !

Alexander Krull peut être fier de sa femme, qui a fait un bon album. Surement le meilleur depuis le premier « Lovelorn » (sans parler de l’excellentissime album solo « Deus Ex Machina »). Il ne manque plus qu’à Liv et son groupe de se débarrasser du superflu, à savoir des vieux réflexes faciles catégorisés dans le « gothic metal », pour se tourner dans des sonorités moins faciles, les orchestrations et le petit coté épique sont le « plus » indéniable qui fait que le drakkar viking ne coule pas, mais résiste bel et bien face au vent de la concurrence. On espère un album encore plus majestueux la prochaine fois !