Et dire qu’il y a tellement de « petits » groupes (mais qu’est-ce qu’un petit groupe, au juste ?) qui restent dans l’ombre, ou qui ont un peu de mal à percer, alors que d’autres, qui ont plus pignon sur rue, enquillent parfois les daubes, ou perdent de leur verve au fil des ans, sans que personne ne fronce le moindre sourcil…. Pourquoi tant de haine, me direz-vous ? Tout simplement parce que je viens de me ramasser une claque à l’écoute du 2ème album de Furia, ni plus ni moins ! Alors attention à la méprise et fixons les choses d’entrée de jeu : je parle bien ici du Furia polonais, et non du groupe éponyme français. Oui, oui, ce Furia là dont les membres officient tous parallèlement dans le groupe de black metal Massemord.

Alors moi, un side-project comme celui-là, je suis carrément preneur ! En 7 compos seulement (mais dont la dernière fait plus de 10 minutes), Furia nous embarque dans leur univers si atypique, séduisant et coloré (bon ok, côté couleurs, c’est pas l’arc-en-ciel ; on vise plutôt le gris, le noir, parfois rehaussé de quelques touches de marron foncé….).Dès le premier morceau, et après une intro cool et envoûtante, finalement assez classique dans ce type de concept, Furia enchaîne les blasts,le mid-tempo et la rythmique thrash typiquement binaire avec une aisance impressionnante, sans que cela ne soit en aucun cas exagéré.Tout coule de source, s’imbrique à la perfection, et embarque l’auditeur. La voix du chanteur y est de toute évidence pour beaucoup, relativement atypique et en tous cas très profonde. Jamais hurlé ni dans l’excès, elle reste pour autant dans la puissance et l’évocation des ténèbres abyssales. Elle laisse d’ailleurs très volontiers sa place, régulièrement et à bon escient, à la richesse des compositions.
Et la musique , me direz-vous ? tout simplement riche,innovante, passionnante. En témoigne « Zgnilem » (traduire : « I rot », poétique, non ?), génial, alternant dissonances et autres larsens avec une fin à la frontière du jazz. « Przechrzczony » commence Punk et finit prog, « Zmierzch za zmierzchem » a des prétentions quant à elle plutôt dark. Le 5ème titre,d’ailleurs sans titre, est tout particulièrement séduisant, évoquant Insomnium ou le dernier Ghost Brigade de par ses nappes de grattes soutenues façon « mur du son », mais également Opeth pour les parties acoustiques. « krza stoi olsza » est presque tubesque, tant les parties où 2 accords tournent en boucle sur fond de blast sont accrocheuses et efficaces.
L’album se termine sur « Kim jesteś? », longue plage qui part en montée de batterie école « Aesthetics of hate » de Machine Head pour développer une ambiance très evil qui se délite dans le temps pour finir très mélancolique.

C’est splendide, riche, maîtrisé, agréable, et ça n’attend qu’une chose : que votre curiosité vous amène à vous plonger dans cet univers. Faites-vous plaisir, ça mérite le voyage…