Le bordelais nouveau est arrivé! Qui n'a jamais essayé de déterminé le goût d'un vin avant de le porter en bouche? Ou de deviner comment allait sonner un disque avant de l'écouter? Une jolie robe...un digipack épuré....Ketah... »La folie des hommes »...des titres en français...un bon petit neo metal de chez nous? Raté. Mais de peu. Dieu merci, le groupe a le bon goût d'éviter ce registre musical mille fois emprunté, en utilisant comme échappatoire un rock hybride original bien que parfois difficile à appréhender.

Le coté syncopé, avec grosse guitare et chant en français encore présents confirment que décidément, dans l'hexagone, certaines influences perdurent. Inutile donc de chercher l'intérêt de « La folie des hommes » dans ses compositions à grosses guitares déjà bien observées, mieux vaut prêter une attention toute particulière aux ambiances plus posées (« Burn ») au sein desquelles se distingue un travail de composition éclairé et plus fourni. Il y a du musicien sur Ketah, et cela se sent dans le soin des agencements sonores, où tout semble pensé, tout s'imbrique, rien ne dépasse pour un bloc des plus cohérents. La basse omniprésente ravira les amateurs de cet instrument (dont je suis) souvent à tort passé en second plan. La voici ici injectant une forte dose de groove, attention cependant à ne pas trop en ajouter sans quoi ce roulement permanent donnera à certain le mal de mer. Le chant, élément par tradition le plus personnel à apprécier, créera certainement débat. Le chanteur de Ketah aurait il un lien de parenté avec celui de Manigance? Toujours est il que sa voix claire aiguë et un peu nasale a de quoi étonner, surtout sur les titres chanté en anglais. Pour ceux ayant encore des doutes sur la musicalité de la langue française? Mieux vaut pour Ketah de s'en tenir à la langue de Molière, celle de Shakespeare échappant à tout contrôle. Mais plus qu'une défaillance du groupe, ce soucis serait il plus un problème national? La France n'étant effectivement pas réputé pour un pays maitrisant les langues étrangères, quelques hauts dignitaires politiques ne pourront prétendre le contraire. Mais retour à la musique et à des transitions plus douces et plus en touchées sur lesquelles le chant semble mieux maitrisé et du coup, bien plus agréable.

De bonnes idées, une technique maitrisée et une bonne cohésion, voici ce que Ketah laisse transparaitre, bien que la « Folie des hommes » laisse à la fois, et paradoxalement en suspend des ambiances encore à creuser et surtout, des textes à faire murir. Un petit goût d'inachevé peut être? À démentir lors d'une prochaine réalisation sur laquelle trois titres de plus ne seraient pas superflus.