N’est pas MESHUGGAH qui veut certes, mais cela empêche-t-il pour autant de s’amuser sur le terrain d’un Métal progressif alambiqué et syncopé ? SIHTU répond non à cela et s’en donne à cœur joie comme le signale ce premier bébé sobrement intitulé « V.I.T.R.I.O.L » dont le nom en dit gros sur la volonté du groupe d’en découdre.

Point fort sensible dès la première note, la production est relativement massive. Chaque martèlement, que ce soit de batterie, de basse ou de guitare est précis et nous écrase littéralement le crâne, le groupe semble le savoir et s’en donne donc à cœur joie. Pour preuve, les parties rythmiques lourdes et syncopées sont nombreuses et cela est un atout fort du groupe. Pas forcément original, les amateurs de MESHUGGAH ou même de Hardcore apprécieront tout de même, d’autant plus que le groupe ratisse plus large en faisant appel à d’autres genres du Métal, le Grindcore, par exemple, dans un titre comme « V.I.T.R.I.O.L part one » où un chant bien porcin vient nous surprendre. Nous sommes aussi à quelques reprises proches d’un Noisecore bien burné, avec son lot de guitares bien grinçantes et ses dissonances jouissives. Malgré une production bien léchée que certains qualifieraient de chirurgicale, il reste quelque chose de très instinctif dans la musique de SIHTU. Une impression d’urgence garantie par un mixe qui conserve en lui quelque chose d’hyper massif, où la voix légèrement sous mixée, donne le sentiment d’étouffer dans un univers implacable. La voix n’est d’ailleurs qu’un exemple parmi tant d’autres, dans quasiment toutes les chansons se baladent des petites subtilités. Bref, si cet album fonctionne, ce n’est pas vraiment par son originalité, mais par la précision dont il fait preuve en permanence. Le travail quant à l’atmosphère est particulièrement étudié, ce qui a pour résultat une écoute qui s’opère d’un trait et vous maintiens en haleine pour quarante cinq minutes.

En conclusion, avec « V.I.T.R.I.O.L » nos français mettent la barre assez haut avec un premier album qui, malgré ses indéniables influences assumées de MESHUGGAH, s’avère assez abouti. Attendons la suite de pied ferme, en espérant que SIHTU affirme un peu plus sa personnalité.