BETHLEHEM, le groupe légendaire de dark métal, investigateur du genre et de l’appellation même (par leur album « dark metal » sortie en 1994). Un petit comité de groupes ont décidé de rendre hommage à l’un des meilleurs album de la formation. Une sorte d’ovni musical, une grande œuvre de détresse et de misanthropie, le très réussi « Dictius Te Necare » sortie en 1996. Ce « Tribute To Dictius Te Necare » est marqué par la grande diversité des reprises, certaines sont intéressantes, d’autres catastrophiques…

C’est le groupe français MAÏEUTISTE qui ouvre l’album par la reprise du célèbre « Shatten Aus Der Alexander Welt ». Il n’y a pas grand-chose à en dire si ce n’est que le groupe reprend la chanson originale comme telle, mais en beaucoup moins bien. Une introduction un peu étrange qui n’a pas grand-chose à voir avec le titre fait son apparition juste avant d’entrer dans le vif du sujet. Ceux qui connaissent cet album comprendront qu’une introduction, même courte, enlève le charme du titre qui se veut violent dès le début par l’arrivée de ce cri torturé. Cri ici complètement foiré par ailleurs, les vocaux, lorsque le chanteur essaye d’imiter Landfermann dans ses passages aigus et torturés, tournent rapidement au ridicule et perdent toute crédibilité. Pour ce qui est de la musique elle se contente de jouer le morceau en y remplaçant les passages acoustiques par des passages en distorsion tout en y rajoutant quelques dissonances par ci par là. Cette reprise n’a donc pas grand intérêt.

Passons maintenant à celle de VOODOO PLANET. Ce groupe français de rock sudiste nous offre par contre une version tout à fait intéressante de « Die Anarchische Befreiung Der Augenzeugenreligion ». Transformant le titre en vieux rock avec des vocaux bien rauque, des rythmes de batterie parfois punk et quelques adaptations des riffs originaux tout à fait personnelle. L’ensemble reste fidèle, on reconnaît bien le titre mais avec une dimension supplémentaire, intéressante et amusante à la fois. VOODOO PLANET a repris le titre pour l’adapter à sa sauce et c’est tout à fait respectable.

Si la version de Die « Schwarze Schlange » d’ATARAXIE est bien moins originale et plus fidèle, elle a le mérite d’être bien exécuté aussi bien au niveau des vocaux que de l’instrumentale tout en pouvant aisément différencier cette version de celle de BETHLEHEM. Les vocaux sont particulièrement impressionnants, l’ambiance originale du titre est retrouvée ici et l’utilisation de la réverb rajoute une dimension de souffrance encore plus poussée. « Schwarze Schlange » se voit attribuer un nouveau visage et gagne presque en puissance.

La reprise de « Tagebuch Einer Totgeburt » par IMINDAIN est assez particulière. Elle ne va pas non plus chercher à instaurer beaucoup d’originalités au morceau de base. Mais à l’écoute on croirait presque à un morceau de SILENCER. Notamment à cause des vocaux très extrême et de la tonne de réverb sur le tout. Ce type de vocaux, tout de même assez proche de ce que propose « Dictius Te Necare », collent bien à l’ambiance très mélancolique du morceau et ne choquent absolument pas. La reprise est intéressante, fidèle tout en restant originale.

MOURNING DAWN nous offre une reprise de « Dorn Meiner Allmacht » des plus réussit. Les ambiances, toujours très misanthropiques, sont très bien retransmise, les vocaux sont très émotifs sans en faire trop et la musique reste fidèle. On sent que l’interprétation de ce morceau est très personnelle tout en restant proche du morceau d’origine, et ce à travers des vocaux vraiment expressif.

Étonnamment, le morceau qui clôt ce tribute album n’est pas tiré de « Dictius Te Necare » mais d’un EP sorti en 2004 : « Alles Tot ». La chanson s’appelle « Schuld Unseres Knöchrigen Faltpferds » et est reprise par le groupe français : MAGNUM OCCULTUM INNOMINANDUM. Le choix est curieux pour un album intitulé « Tribute To Dictius Te Necare ». Certainement aussi curieux que la reprise qui nous est proposé ici, très punk, très sale, très dissonante. Les vocaux hurlés façon vieux punk et les passages rapides en guitare sèche rendent le tout vraiment très brouillon, si on reconnait le morceau d’origine on a du mal à se situer par rapport à celui-ci et le côté brouillon, presque amateur est assez dérangeant.

Difficile de dresser un bilan de cette écoute. Certaines reprises valent le coup et d’autre moins. Je n’ai jamais été partisan des « tribute album ». Comme beaucoup d’albums de genre, il va finir au fond de ma discographie pour ne jamais en ressortir. A écouter au moins une fois pour l’hommage au plus grand groupe de dark metal. Mais pas plus.