« Les vertus du death metal mélodique sont depuis reconnues! C'est pour cela que nous, les suisses avons créé ce nouvel album...
- Hep ! Minute! Qui sont ceux qui excellent depuis toujours en death métal mélodique? -Rikölä?
Non Dark Tranquillity ! Et d'où viennent ils? De Suède, naturellement ! »

Les avaleurs de scène sont de retour, et cette fois ci, directement dans vos salons avec leur neuvième réalisation studio « We are the void ». Comme toujours, dire qu'un nouvel album d'un groupe d'une envergure telle que Dark Tranquillity est très attendu est un doux euphémisme, et l'état des fans se roulant par terre d'impatience en rongeant leurs pieds de lit n'est plus à décrire.
Mais la critique aussi est à l'affut, les crocs déjà luisants, attendant de savoir si cette nouvelle réalisation sera l'album casse gueule d'une discographie purement sans faille ou au contraire si celle ci sera son apogée? La réponse en 47 minutes.

La marque sonore ne se fait en tous cas, guère attendre. L'étendard jaune et bleu de la Suède est de suite levé très haut par des guitares et des rythmes très aisément reconnaissables, à tel point que la communauté métal lui a même donné un petit nom. « Gothenburg death metal »? ma foi même si cela sonne mal, voilà qui donne un repère géographique.
Mais à travers de cet exercice de style devenu aujourd'hui commun saute aux oreilles le fait marquant de l'album : les changements apportés au chant. Plus agressive, plus brute, largement mise en avant, c'est une toute nouvelle voix que révèle Dark Tranquillity, avec une texture plus rugueuse qui part plus profondément de la gorge.
Concernant les parties claires, le groupe a tout simplement pris l'aspirateur pour faire place nette : celles-ci ont été quasiment effacées, ou reléguées en de brèves apparitions par ailleurs guère convaincantes (« The grandest accusation », « Her silent language »). Marre du jeu d'alternance douceur/agressivité? Assurément. Les suédois montrent une envie d'en découdre avec des compositions plus « rentre dedans » au jeu rythmiquement plus rapide (« I am the void »). Les sonorités à la mode d'In Flames cèdent progressivement la place à une tendance dont l'impact fort se fait vite sentir, même si l'aspect mélodique demeure en permanence via bien entendu, les synthés omniprésents et les traditionnelles petites notes de piano d'arrière plan ayant fait la gloire du groupe.
Mais avec ses blast (« Surface the infinite »), un son globalement plus massif et ses pistes parfois très puissantes (avec un « Arhkangelsk » sombre et lourd), « We are the void » se détache très distinctement de la discographie du groupe. Album de transition vers un futur plus agressif? À voir..toujours est il que les fans amoureux des albums du début des années 2000 ne s'y retrouveront peut être pas.
Avec des refrains très accrocheurs (« The fatalist ») et une maitrise technique facilement affichée, "We are the void" convaincra sans problèmes, et à juste titre tout bon amateur de death mélodique, tout comme les réactions positives dans les fosses des prochains concerts seront certainement plus qu'explicites.

Évidement, le traditionnel « c'était mieux avant » viendra rapidement rejaillir dans la bouche de certains; toujours est il que le groupe évolue. Alors, préférence pour le mélodique ou pour une nouvelle agressivité? Au public de juger.