L'alliance des instruments folkloriques au métal est une réussite, le fait n'est pas nouveau, la multitude de groupes ayant adopté cette solution depuis les années 2000 ne pourra prétendre le contraire. En revanche, il demeure plus étonnant de constater que les regards du public se portent immédiatement vers les pays scandinaves alors que les scènes d'Europe « occidentale » et par exemple françaises comportent de nombreuses formations de qualité à tort largement oubliées. A commencer par Bran Barr qui avec 15 ans d'existence (soit 2 ans de plus que Finntroll ceci dit en passant) n'a pas attendu avant d'inclure des influences folk, en l'occurrence celtiques, dans ses compositions.

Il faut dire que 10 ans de silence n'aide pas forcément à la montée de notoriété et malgré quelques dates de concert depuis le dernier album (le quasi inaperçu « Les chroniques de Naerg » en 2000) force est de constater que Bran Barr restait pour le moins discret. Les choses devrait largement évoluer avec « Sidh », nouvelle réalisation 2010.

Selon les pays « folk » peut prendre différentes teintes : festives, épiques, mélancoliques...En France, c'est le mélange instruments folklorique/métal extrême qui semble être le plus en vogue. Ainsi, à l'image d'Aes Dana ou d'Heol Telwen (deux membres issus de ce dernier groupe évoluent par ailleurs dans Bran Barr) , Bran Barr développe des sonorités black métal injectées d'apports d'instruments traditionnels (cornemuse, flutes...). La recette est peut être déjà connue, mais est pour le moins toujours aussi plaisante! Au travers de titres entrainants et très énergiques, mêlant compositions furieuses à blast (« Fury – Exile of the orphan ») transitions acoustiques (« Passage – The curse of the manimal ») et véritables odes (« Revelation – In the domination of Kernunnos »). Le groupe parvient à entrainer rapidement son auditeur vers un univers mythologique aux permanentes ambiances guerrières. Un des gros points positif de l'album réside effectivement en ces changements sonores traduisant un gros travail de composition. L'intégration des éléments folk poursuit cette impression : Bran Barr n'utilise pas de cornemuse ou de flute pour faire joli, chaque instrument est parfaitement à sa place apportant son plus et son accroche sonore propre, tout comme les alternances de chants.

Aucune faute technique, ni de goût, « Sidh » est un album qui frappe fort et qui surtout, se laisse volontiers réécouter sans lasser avec en petit clin d'œil final la sympathique reprise « Ode aux lointains souvenirs » de Stille Volk. Carré, bien pensé, authentique, « Sidh » ne manquera pas de tout renverser sur son passage et de faire s'agiter les têtes chevelues, découvrez et soutenez Bran Barr!