Audrey Horne ! Pour ceux qui dorment au fond de la classe, n'est autre qu'un des personnages hauts en couleur de la série Twin peaks, crée par l'incontournable David Lynch et son compère Mark Frost. Mais c'est aussi autour de ce nom aux sonorités peu communes pour un groupe assimilé à la scène électrique, qu'ont choisi de sévir quatre musiciens bourrés de talents, originaires de Bergen, avides d'expérimentations nouvelles. Tous membres de formation dont l'orientation extrémiste ( Sagh, Gorgoroth, Enslaved) n'est plus à démontrer, mais donnant une indication sur la qualité d'ouverture des acteurs de cette œuvre aux aspirations multiples, et qui si elle reste très rock, n'hésite pas à l'instar des précédentes réalisations (le fol, no hay banda) à s'aventurer vers des chemins que seuls des aventuriers à forte personnalité peuvent se permettre d'emprunter. Car même avec une production classée 'grand cru' et Joe Bressi (Queens of the stone age,Isis, The Melvins) aux manettes, il n'est jamais évident de se placer en si peu de temps (8 ans) comme le chainon manquant réunissant sous une seul bannière, rock 70's, pop rock sur vitaminé, prog metal inspiré et finir au bout du compte devant l' évidence qu'il n'y a rien de plus jouissif que de s'extasier devant l'inclassable !

Audrey Horne avec ce dernier opus atteint le sommet de l'Everest sans oxygène. Quelque chose de grand, si bien que les mots hésitent à s'imposer comme étant les seuls vecteurs de communication à pouvoir témoigner de la claque monstrueuse que nous offre de tels artistes ! L'excellence est ici atteinte à tous les niveaux, précision du jeu diabolique, riffs puissants, racés , une section rythmique groovy superbement animale, et enfin un chant largement à la hauteur ! Juste, et charismatique ! Rien de plus ! Une vision fluide, dont l'apparente simplicité met en exergue l'incroyable maitrise des émotions et la virtuosité de chaque titres jeté là en pâture ! A chacun d'y trouver ce qu'il veut bien y voir, à chacun d'y ressentir sa propre histoire. Attention cependant de ne pas trop s'approcher du monstre au risque de tomber dans l'infernal labyrinthe de l'addiction.

Il n'y a pas si longtemps de cela bon nombre d'observateurs 'd'élite' de la scène rock, lui prévoyait une mort certaine en quelques années. Les instruments allaient devenir complètement obsolètes, ringards, sans futur ! Voilà bien la preuve que tout ceci n'est que mensonge. En effet avec des albums de cette trempe, on est en droit de penser que si le rock, le metal disparaissent un jour, d'autres styles majeurs disparaitront avec lui ! Heureusement ce n'est pas demain, ni après demain, car Audrey Horne est bel et bien le messie que nous attendions tous. Déclaré d'utilité publique par votre serviteur.