On ne peut pas dire que Roman Saenko (fondateur de Drudkh et Hate forest) et ses amis aiment à trop se mélanger avec d'autres musiciens. A chaque fois qu'un nouveau de leur groupe apparaît on y retrouve à peu de chose près les même musiciens. Prenez Blood of kingu: fondé en 2005, il représente la moitié du line up du défunt Hate forest et la totalité du Drudkh de l'époque. On pourrait se demander si ces divers projets ne finirait pas par trop se ressembler...

Et bien non ma bonne dame, Blood of kingu, enfanter sur la carcasse encore chaude de Hate forest, présente certes des similitudes avec ses grands frères mais possède sa propre identité, à l'instar de tout ce que pond Roman Saenko. Blood of Kingu, ce n'est donc ni l'un ni l'autre mais un savant dosage des deux projets principaux de leur géniteur.

Pour resituer l'action, le premier méfait du combo date de 2007 et se nomme « De Occulta Philosophia ». Inspiré des mythologies sumériennes et égyptiennes, le black/death de Blood of kingu y présente un visage certes familier mais s'enrobe d'un voile occulte et shamanique, aux mélodies drudkhiennes et à ambiance forestière haineuse. Blood of kingu se démarquait alors par la quasi absence de chant, remplacé intelligemment par des sortes d'incantations mystiques, conférant à cet album un climat riche de mystère mais sujet à polémiques.

Trois ans plus tard, « Sun in the house of the scorpion » conserve cette dimension mythologie et indigène en incorporant notamment quelques petites intros de percussions sorties du fond des ages et des mélodies foncièrement occultes. Néanmoins, le cru 2010 est nettement plus brutal que celui de 2007, enchainant les blast les plus furieux. Oscillant toujours entre riffing black et rythmiques death, Blood of kingu laisse chant libre aux sentiment les plus guerriers des grands anciens. Les guitares portent bien la patte de Roman Saenko – ces motifs mélodiques tournoyant et répétitifs qui ont fait la renommé de Drudkh – mais sont gonflées aux amphétamines. Plus brutal musicalement donc, cet album incorpore cette fois du chant sur la plupart des morceaux, marquant une délimitation franche avec son prédécesseur. Le chant de Saenko est très orienté death, profond et grave, mais manque singulièrement de variété à mon goût. Cela dit, certains titres restent dans l'optique atmosphérique de l'album précédent, jouant plus sur le climat que sur l'agression.

En clair, ce deuxième album n'est pas une resucée du premier. Plus proche d'un Drudkh violent que des ambiances d'Hate forest, « Sun in the house of the scorpion » manque sans doute de variations pour passionner les foules. Les titres ne semblent pas se démarquer suffisamment les uns des autres, sans doute à cause du rythme très soutenu de l'ensemble, malgré quelques mid tempo bien senti. Le tour de la chose est faite trop rapidement au contraire des albums de Drudkh par exemple.

Les fans des autres projets des ukrainiens devraient retrouver sans peine leur univers à travers Blood of kingu, mais ce n'est clairement pas le plus passionnant du lot. Du moins pas encore, le concept reste alléchant sur le papier. Sans doute un trop plein de testostérone à canaliser et un style encore à l'ébauche.