Deux hommes au cœur d'un univers glacial et électronique... On peut dire que l'hibernation ça conserve! Seize albums derrière eux et les revoici avec ce nouvel opus tout frais servi pour l'occasion. Trente ans de carrière, ça se fête! Alors, sortez les glaçons...

Après de nombreux projets en parallèle, tels que la composition de musique pour le "Théâtre Royal dramatique de Stockholm", d'une campagne commerciale ou d'une bande sonore pour un jeu sur ordinateur, ces derniers ont encore de la ressource.
Le duo Suédois composé par Dan Söderqvist et Karl Gasleben nous propose aujourd'hui de vivre un hiver dans leur contrée. Je veux bien sûr parler d'un long hiver gelé en solitaire.
Une introspection avec pour bande sonore des éléments "ambient" et "expérimentaux" datant de leur premier album "Music for girls" jusqu'au dernier en date "Clouds", sorti en 2008. Une incursion étrange et intemporelle, un mélange des genres puisé dans les racines de l' "Electro Dark Wave " et de la "Pop Music".

Dix titres planants et minimalistes composent cet album, autant de plages que l'on pourrait qualifier d'easy listening, mais qui sont pourtant bien plus que ça. Car si la musique de TWICE A MAN sur "Icicles" apparaît au premier abord assez légère et classique dans son style, elle n'en reste pas moins sombre et glaciale.
Des images défilent sans cesse et vous plongent dans une atmosphère froide, hostile et lointaine. Une distance qui déshumaniserait presque les compositions et qui rend cette immersion plus difficile que prévu.
Mais c'est peut-être ça le secret, une profondeur cachée qui nécessite une vraie écoute pour l'apprivoiser, une bande sonore "clinique" et quasi irréelle qui reflète pourtant des sentiments profondément humains.
Ainsi sur "Tranquil moonlit lake" ou "Fearless in the rain", de sublimes notes de piano et quelques nappes nous renvoient à une mélancolie à la fois pure et fictive. Une solitude et une errance oppressante surgissent également et progressent tout au long de l'album.
Sur le premier titre intitulé "A letter", qui est sûrement un des plus "Electro" de tous, le dépaysement est total. Et la confusion qui l'habite est à nouveau marquée sur "Everything is possible", avec des sonorités expérimentales alourdissant un peu plus l'atmosphère et rendant ce cycle pesant et dérangeant.
"Wandering" est quant à lui plus aérien et paisible, comme un vent d'espoir soufflé par des mots tantôt chuchotés et parlés, tantôt chanté de manière lancinante sans une once d'agressivité.
Un chant lointain happé par les titres "Electro ambient" que sont "Folow a simple path" et "Moon", ou plus marqué encore sur le morceau de "Synthpop Darkwave" nommé "Something else".

Vous l'aurez compris, malgré un mélange de sonorités modernes et anciennes, le tout reste très cohérent, sans doute grâce au thème principal, véritable fil conducteur de l'album.
Seule l'apparition de la reprise d'un titre composé en 1991, "Where are you now" dénote un peu. Avec un son et une aura clairement "rétro", son arrivée ne passe pas inaperçue et s'accorde moins bien avec le reste, mais ceci n'est qu'un détail...

Avec ce 17ième album les suédois nous démontrent qu'ils ont encore bien des choses à exprimer à travers leur musique.
"Icicles" témoigne de l'inspiration inépuisable et de la grande expérience du groupe.
Il intrigue aussi par cette constante opposition. Entre émotions sombres et profondes et des compositions délicates et éthérées, ce voyage que l'on pourrait qualifier de "Coldwave" risque finalement d'être bien plus complexe qu'il n'y paraît...