Mais enfin pourquoi? L'intention était bonne, un line-up au complet prêt à réaliser ce premier véritable album en équipe (et quelle équipe!), une superbe pochette signée Kristian "Necrolord" Wåhlin, une production de qualité. Seulement, une ombre ou deux planent au-dessus du dernier opus des Suédois...

Celui-ci arrive deux ans après la sortie du LP "The Ghost Collector". En réunissant certains titres figurant sur leurs précédents EP, en compagnie de quelques invités, la nouveauté n'était donc pas encore au rendez-vous.
L'an dernier, un autre EP sortait en téléchargement légal sur internet, et puis, sans prévenir, les revoici avec "Monument Black Colossal".
Des compositions inédites cette fois, enregistrées par les rescapés de la formation initiale, Nephente et Bizmark, rejoints tous deux par le guitariste Johan Nord, le bassiste Tobias Gustafsson (connu pour son jeu dans EUCHARIST) et enfin le batteur Adrian Erlandsson (PARADISE LOST, ex-AT THE GATES, THE HAUNTED, CRADLE OF FILTH…).

Bref, tout était enfin réuni pour faire de cet album, un grand album, mais à l'écoute des compositions du groupe, je ne peux m'empêcher de penser qu'il manque bel et bien l'essentiel. Les neufs pistes qui nous sont présentées souffrent clairement d'un manque d'originalité et d'émotion. Les "ombres" dont je vous parlais sont omniprésentes, il s'agit de groupes comme DIMMU BORGIR et CRADLE OF FILTH. Mais lorsque certains arrivent à recréer de la magie, à faire revivre une époque, ou à reprendre le flambeau, d'autres appliquent seulement les bonnes vieilles recettes en apportant rien de plus puissant ou du moins, rien d'égal. NETHERBIRD appartient malheureusement à la seconde catégorie.
C'est en tout cas ce qui vient à l'esprit au début, car en mettant de côté cette impression de "déjà-fait-mais-en-mieux", comme sur cette introduction funeste intitulée "Looming Majesty", ou encore des pistes inutiles comme "The Faraway View", ce mélange "Black/Death" mélodique et symphonique, nous propose des pièces aux atmosphères grandiloquentes, quelques moments de grâce aussi, notamment sur des titres comme "White Noise Sky in Overdrive" ou "A Shadow in the Garden of Darkness".
Des passages intenses amenés par des orchestrations magistrales, des riffs Black/Death accrocheurs, des breaks parfaitement maîtrisés par Adrian Erlandsson, de sublimes chœurs fantomatiques, des notes de piano et des soli inspirés. Il y a donc du bon dans tout ça! "Accross the Chasm" et "In the Eyes of Time" en sont de parfaits exemples.
Les arrangements étant également réussis, les compositions s'enchaînent très naturellement, passant d'un "Strindbergian Fire" mélodieux (durant lequel l'orgue et la basse grondent), à une balade symphonique nommée "The Weight of Vapour", pour se tourner ensuite vers une agressivité sans concession avec "At the Bottom of the Crystal Artery".
Entre chuchotements, chant profond et cris graveleux, la voix quant à elle, plus particulièrement les intonations, font évidemment penser à un certain Dani Filth, ce qui renforce indéniablement ce manque d'identité qui leur fait tant défaut, ceci, en dépit des interventions de Nephente, loin d'être totalement impersonnelles.

Alors, que penser de "Monument Black Colossal"? J'avoue être moi-même perplexe. Déçue de découvrir un album en demi-teinte qui aurait pu être beaucoup plus que cela, au vu du potentiel de ses créateurs, et en même temps, après plusieurs écoutes, surprise par un album qui fourmille de bonnes idées.
Si le groupe nous offre de bons moments sur ce nouvel opus très travaillé, reste à se détacher de ces quelques noms qui leur collent encore à la peau et y ajouter également un peu d’âme. Dans ces conditions, "Le premier album original de NETHERBIRD" arrivera enfin jusqu'à nos oreilles…