Une nouvelle page se tourne pour l'ancien membre de SENTENCED. Fondé par le batteur et le guitariste de ce célèbre groupe finlandais, Vesa Ranta se voit obligé de poursuivre le projet sans Miika Tenkula (R.I.P), ce dernier disparaissant tragiquement en février 2009... Cette période sombre voit pourtant naître THE MAN-EATING TREE. En s'entourant par la suite de Tuomas Tuominen (ex-FALL OF THE LEAFE et NOUMENA), Janne Markus (membre de POISONBLACK au côté de Ville Laihiala), Mikko Uusimaa (REFLEXION), et Heidi Määttä (EMBRAZE), cette envie partagée au départ par le duo se concrétise enfin avec la sortie de "Vine".

Une pièce de Rock/Metal gothique et atmosphérique en ressort. Le mixage ayant été réalisé par Hiili Hiilesmaa (HIM, AMORPHIS, SENTENCED...), le son est d'autant plus proche des formations finlandaises du genre. En tout cas, une chose est certaine, nous avons affaire à un vrai travail d’équipe! Car si l'identité du groupe, construite autour d'un visuel épuré et onirique, est laissée au chef d'orchestre, Vesa Ranta, les textes signés Tuomas Tuominen côtoient quant à eux les compositions de Janne Markus.

On peut dire que ce premier album arrive à point! L'ambiance froide, aussi tourmentée qu'apaisante installée par "Lathing a New Man" nous rappelle que la température n’est pas prête de remonter… Un sentiment de quiétude, régulièrement troublé nous guide pas à pas vers la suite… "The White Plateau" vient à son tour illustrer cette dualité, opposant des accords intrigants à des notes lumineuses et rythmées, notamment sur le refrain. Les lignes de basse et de guitare puissantes, alliées au clavier très mélodique, nous arrachent quelques instants à cet univers "cotonneux". Forcément, avec le tempo lent et peu varié de la balade "This Longitude of Sleep", un climat maussade refait surface, nous entraînant un peu plus encore vers ce long hiver nordique. Mais la musique du groupe se prêtant plutôt à une soirée au coin du feu… le but n'est donc pas de vous décrocher un furieux headbanguing!
L'émotion apportée par ce chant atypique et ces riffs, souvent forts et planants, nous sortent régulièrement de la monotonie, en nous accordant au passage de très bons moments... Intense et poignant, agrémenté d'un refrain entêtant, "King of July" fait partie de ces morceaux que l'on prend vraiment plaisir à réécouter. Une deuxième balade nommée "Of Birth for Passing" surgit déjà (quoiqu'ici le calme est omniprésent), et à l'instar de la précédente, la mélancolie se voit lentement mais sûrement remplacée par une jolie mélodie pleine d'espoir. De manière très progressive et délicate évidemment...
Le down-tempo de la piste suivante est encore différent. La voix se fond aux rythmiques saccadées et aux notes de piano dans une ambiance gothique sur "Out of The Wind", en se rapprochant de SENTENCED ou des derniers albums de PARADISE LOST.
Puis, une surprise très rafraichissante s'en suit, avec cette reprise des MOODY BLUES. L’idée venant à la base de Miika Tenkula, Vesa Ranta tenait à honorer sa mémoire en exauçant son souhait. Le résultat étant particulièrement réussi, quarante ans plus tard, "Nights in White Satin" sonne alors comme un bel hommage. Avec "Tide Shift", un son "live" planant et progressif me faisant penser à des groupes comme SWALLOW THE SUN ou LONG DISTANCE CALLING, fait irruption, emmené par les envolées de Tuomas Tuominen.
"Instead of Sand and Stone" vient se joindre à cette superbe composition. Dans un esprit aussi progressif, intégrant la marque de fabrique (le refrain fédérateur qui reste en tête), ce dernier pose toutefois une ambiance plus lourde, avec des riffs sombres et agressifs. Ces éléments nous les retrouvons d’ailleurs jusqu'au bout, avec "Amended". Après avoir fait fusionner des mélodies glaciales semblables à celles d'INSOMNIUM, à quelques courtes reprises death-mélo modernes et puissantes à la OMNIUM GATHERUM, il reste encore de la place pour une partie instrumentale dictée par le piano. Et enfin, tel un sonar, l'album s'achève comme il a commencé, par une atmosphère "aquatique" qui s’éloigne peu à peu.

Il manque quelque chose… Non pas que "Vine" soit sans saveur. Si l'ambiance retombe quelquefois, laissant planer une légère sensation de lassitude, certains titres ont pourtant un grand potentiel, qui se confirme largement au fil des écoutes. En se rapprochant de leurs compatriotes, les finlandais ne font pas de réelle avancée dans le style, cependant, car il y a un cependant, THE MAN-EATING TREE offre bien plus qu'un fond sonore pour les semaines qui viennent. L'album coule tout seul c'est certain, il n'empêche que l'émotion et la maturité sont là. Cette sortie mérite donc une attention particulière, afin apprécier pleinement cet univers feutré et les sublimes moments musicaux qu'elle contient.
Une tournée européenne débutant ce mois-ci au côté de TAROT, l'occasion nous est donnée de mesurer la solidité de ce premier opus!