HARKONIN fait du Black-métal et comme l’indique le titre de son nouvel album « Detest », il est là pour nous chanter la haine avec le plus de conviction possible. Qu’en est-il donc de ce méphistophélique album ? Sera-t-il à la hauteur pour nous épater et se détacher de la masse des nombreux groupes insipides de Black-métal.

De toute évidence, la formation fait son labeur avec beaucoup de maîtrise, puisqu’elle parvient à combiner et à doser tous ce que le Black-métal a toujours englobé. Ainsi, nous retrouvons un travail abouti sur les atmosphères et une grande diversité d’influences en ce qui concerne les riffs et le jeu de batterie. Plans rapides et brutaux côtoient riffs plus ambiants et même certains riffs que ne renieraient pas les formations de Black’n’roll (quel régale que le lead hard et sale de « Ruled by tyrants »). La principale force de « Detest » réside indéniablement dans sa variété qui nous tient en haleine de A à Z et autant dire que le pari était risqué puisque l’album dure plus d’une heure. D’ailleurs, les clefs de la réussite résident aussi dans la production. Cette dernière est convaincante puisqu’elle permet aux instruments d’offrir le meilleur d’eux même, ainsi les guitares de « Chaos Anthem » (quel titre explicite) savent être brillantes sur les leads et froides sur les rythmiques. Certains puristes du genre reprocheront peut-être au groupe sa propreté, de toute évidence, il y a eu de l’édit, au niveau de la batterie, tellement tout est métronomique. Qu’à cela ne tienne, nous considèrerons que malgré cela nous avons affaire à un album relativement organique, dans la mesure où il fonctionne parfaitement au niveau émotionnel. Finalement, il est difficile de savoir si la formation est plus adroite sur les passages brutaux que sur les passages plus soft tant l’efficacité est toujours au rendez-vous. Ce qui manque à un album si bien composé est la prise de risque. Même si la maîtrise est totale, nous restons systématiquement dans le Black-métal, or quelques écarts auraient permis à la formation de se distinguer de la masse. HARKONIN applique les conventions avec brio mais il lui manque ce petit écart aux règles qui fait la marque des grands.

Violent, ambiant, mélancolique et grinçant sont tous des qualificatifs qui peuvent s’appliquer parfaitement à ce magnifique « Detest » qui s’avère être un excellent album de Black-métal. Assez ouvert pour plaire aux fans d’ANAAL NATHRAKH comme à ceux de BURZUM, les amateurs des vieux albums de DEICIDE pourraient même y trouver leur compte. A écouter sans plus tarder.