Les allemands de Adversus nous reviennent avec un 4e album répondant au doux nom de “Der Zeit Abhanden” et nous proposent donc de perdre une bonne heure et quart en leur compagnie. Évoluant dans un style assez compliqué, réservé à un public averti, un condensé de gothic sympho, avec des touches folk, des "females clear voices" mêlées à un chant criard, qui plus est dans la langue de Goethe, cet album risque d’en rebuter plus d’un.

Avec une originalité exemplaire, une diversité instrumentale à faire pâlir de nombreux groupes dont la réputation n’est plus à faire, Adversus a dans ses mains de quoi faire des merveilles, il ne reste plus qu’à coordonner le tout, rendre ça propre, et le tour est joué. Mais voilà, si les choses sont faciles à dire, elles sont extrêmement compliquées à mettre en application, et Adversus me laisse un goût amer. Brouillon à souhait, une ligne de basse complètement hors du coup, et nous voilà avec des morceaux qui finissent en eau de boudin. On en vient à se demander si le groupe n’était pas complètement ivre au moment de l’écriture de cet album ! Quel est l’intérêt de nous poser un solo de batterie en plein milieu de l’instrumentale “Entropia”, morceau où guitare électrique et violons s’accordent à merveille, donnant dans un registre assez folk/traditionnel. Pourquoi mélanger des influences electro à ce style de musique, alors que la partie “classique” est vraisemblablement la plus belle chose qui soit dans cet album ? Car avouons-le, les deux chanteuses soprano et mezzo-soprano déposent une belle touche de douceur, ce qui n’est pas forcément évident en allemand ! Je citerai par exemple “Ein Ding Im Spiegel” qui, dans un registre assez lent, notamment grâce à ses instruments à cordes, fait partie des morceaux accessibles.

En dépit d’un style plus qu’original, Adversus ne nous propose là qu’un mix de ce qui existe déjà dans les styles dissociés. Enorme déception.