La chronique d'un album, c'est aussi la chronique d'une démarche, du projet d'un groupe ou d'une personne. C'est du sentiment, une position et des émotions. Tit's est un artiste qui dérange et qui me dérange. Mais c'est avec une certaine objectivité et une forte position que je vais à la fois essayer de chroniquer le CD reçu tout en m'inspirant du discours qui va avec.

Mais tout d'abord, prenons un Prozac...

Tit's est un chanteur/bassiste ayant pas mal bourlingué dans les années 80 avec des groupes tels que Prowler, Why, Demon Eyes, 22 long Rifle. Après une tentative de percée aux Etats-Unis entre 1992 et 2001, il se remet à la musique en 2007 sous son pseudonyme Tit's qui prend la forme d'un projet solo uniquement composé à l'ordinateur. Son premier album, "In your face" a je cite "surpris, mais a eu du mal à convaincre le public car l'aspect novateur de la musique a surpris les ayatollahs de la sphère bien pensante...pas de guitare=pas de métal" (seraient-ce les mêmes ayatollahs qui prétendent que pas d'accordéon=pas de musette?).
Le deuxième album "Second round" renoue avec la guitare et des influences telles que Kiss, AC/CD, Alice Cooper, ou Rob Zombie, Crashdiet, pour les plus récents. C'est donc ce dit album, accompagné de son livret imprimé maison et son texte tapé sur word (mais sans l'option correcteur d'orthographe et non justifié) que j'ai reçu.

Mais avant de passer aux choses sérieuses un petit Lexomil s'impose...

L'album, contenant 12 titres, est enregistré, mixé et produit par Tit's (il nous a épargné le terme masterisé, Dieu merci!), à l'exception des guitares qui sont jouées par Bruno Labbe (ex dirty Pack et Baby Strange), "parce qu'on n'est jamais mieux servi que par soi-même" dit-il...
A l'heure du numérique, des ordinateurs, des "plug-in" et autres "geekeries" permettant à Lars Ullrich de jouer dans le temps, comment peut-on arriver à si mauvais son? (en étant servi par soi-même me diriez-vous?). On croirait que l'enregistrement a été fait sur un magnétophone avec une cassette même pas chrome sur laquelle on remet une énième couche...Alors qu'on a à faire à une Les Paul et un Sovtek (sûrement couplés à un pédalier Korg à 12 euros), une basse BC Rich (qu'on a oublié de brancher), des micros Shure (mais sans antipop) et une batterie électronique!
Dans ces conditions toutes compositions, même les plus innovantes et originales qu'elles soient, ne ressemblent à rien et n'ont aucun goût. Mais il faut bien se prêter au jeu des critiques...Alors pour ces 12 titres, ça balance plutôt dans le versant Glam Hard Rock, en hommage à Alice Cooper. Du pur 70's, digne descendant de Slade, Mott The Hoople, T Rex, mais avec distorsion (et saturation aussi). Il y a aussi un léger relent d'Opéra Rock mégalo. Bref, même si c'était dedans et mieux joué (car il n'y a que les guitares qui tiennent la baraque), ça serait un peu un truc "Has Been" pour une production de 2011. "My gothic cemetery" avec Valène de Crushing Blow au chant, ainsi que la ballade "My queen" ressortent du paquet tout de même.

Mais bon, passons aux ambitions de Tit's et à ces magnifiques lignes revendicatrices qu'il envoie avec son album (prenons un petit Atarax tout de même afin de me permettre d'annihiler tout jugement grossier...)

Donc, Je cite:

"Tit's ne jouera jamais plus dans les endroits improbables tels que les arrières salles de bars, les salles pourries perdues au fin fond des banlieues françaises...Il l'a fait pendant des années et mis à part le plaisir de jouer sur une scène c'est bien le seul élément positif car opur le reste ce type de politique amène au split et au découragement, ce n'est pas en jouant 666 fois au PACIFIC ROCK où en faisant en déambulatoire les 250 french festivals à Deux balles que ça changera".

Ma critique envers ces mots assez durs envers les arrières salles de bars et les associations organisatrices, militantes, passionnées, bénévoles se fera en deux points.

Premièrement, on peut se demander qui manque de respect à l'autre si vous leur envoyez le même genre de colis que j'ai reçu, tant la marchandise ne vaut pas le coup que ces dites salles et associations se suent pour vous.

Deuxièmement, c'est grâce à eux que des groupes passionnés, des groupes devenus grands, des amateurs de musique ont pu et peuvent encore croiser les guitares et donner des concerts pas chers avec une âme. Pour ma part à Lille, c'est grâce au Rockline (RIP), à l'Underground (RIP) à l'Urban Chaos (RIP), à la Chimère, au Blind Test, au Détour, au Select etc...que j'ai pu voir ou j'ai pu entendre dire que sont passés Loudblast, Death, Fear Factory, Cradle of filth, Lofofora, Tagada Jones, les Sheriff, Massacra, Agressor, Parabellum, Carcass, Total Chaos, GBH, les Bérus, UK Subs,Warning, Satan Jokers,etc...

Alors Tit's, cessez de vouloir devenir une star, car vous ressemblez malheureusement à un mégalo aigri à la recherche de je ne sais quoi...Animez plutôt une émission de radio et faites profiter à tout le monde de vos anecdotes, de vos souvenirs, de vos artistes préférés car j'ose croire que dans ce registre, vous avez beaucoup plus choses à dire et à m'apporter qu'avec un micro et un ordinateur.