Si la première démo des Picards de Kernaoth, « Beyond Our Sight » avait bien été perçue dans le petit monde du black death sympho, français de surcroît, il est clair que le petit nouveau en date, « The Call from Dark Horizons » risque de faire parler de lui. Tout premier album et toujours autoproduit, cette galette est un condensé sympathique de black, de death, de symphonique, mais aussi de pagan, comme on l’entend bien souvent au niveau des mélodies Borknagariennes.

En tout cas, force est de constater que Kernaoth fait une musique assez originale. Mais le souci est que l’on sent peut-être un peu trop les influences à la Graveworm entre autres, surtout au niveau des symphonies aux claviers, symphonies aigües qui se veulent pourtant trop poussives par moment. Hormis cela, nous avons affaire ici à quelque chose d’intéressant, les riffs étant ultra mélodiques (peut-être trop) et le chant black assez raw et bien tranchant, mais souvent linéaire. Petite amélioration par rapport à la démo précédente, la basse, bien mise en avant et souvent très audible, faisant de jolis duos avec des guitares bien maîtrisées et entraînantes.

Mais cela ne s’arrête pas là…
« The Call from Dark Horizons » et son apparence « ancienne » (d’où cette pochette en sépia et ces habits que portent les membres du groupe) se veut un opus plutôt conceptuel, concernant les cauchemars mais aussi les monstres, fait de société très présent il y a encore un siècle. Les ambiances sont alors pour la plupart du temps sombres et étranges, et les mélodies et chants pagan ont tendance à mettre en avant cette histoire bien particulière. Le chant black pourrait alors être cet appel venant des horizons sombres (d’où le titre) alors que quelques personnes tenteraient d’en trouver la provenance et la signification.

Malheureusement doté d’une prod assez moyenne, « The Call from Dark Horizons » reste un album agréable, sans pour autant être transcendant, mais permet à Kernaoth d’étoffer son style et de s’améliorer, en nous proposant quelque chose de plus personnalisé, malgré les influences. Jeter une oreille dessus n’est donc pas de refus, d’autant plus si vous aimez les petites mélodies pagan et anciennes.

Tant qu’à parler de monstres, voici un extrait d’un film de Tod Browning, La Monstrueuse parade, présent sur le livret :

« Nous ne vous avons pas menti, nous vous avions annoncé des monstres, et vous avez vu des monstres. Ils vous ont fait rire et trembler ! Pourtant, si le hasard l’aurait voulu,
Vous pourriez être l’un d’eux.
Ils n’ont pas demandé à naître, mais ils sont nés, ils vivent,
Ils ont leurs codes, leurs lois
Offenser l’un d’entre eux, c’est les offenser tous ! »