Oyez, oyez, gentillhommes et gentes dames! J'ai ouï dire que le lointain royaume de Pologne n'avait pour peuplade que de brutaux barbus arborant guitares sous-accordées et blast beats véloces. Balivernes me dis-je, et prestement mande au vénérable suzerain du pavillon des enfers:
"- Ô mon seigneur, n'y aurait-il donc aucun noble et délicat poète en ces contrées barbares, possédées par les démons du Death et du Black metal?
- Que nenni mon brave chef! Il y festoie moult ménestrels talentueux contant mythes et légendes en de douces mélopées folkloriques. Ils se rassemblent au crépuscule dans un cercle de bardes au confins de bois enchantés, fredonnant des hymnes dédiés à dame nature, à la poésie de l'amour et aux fourbes dragons. Voici leur première coupelle plate à musique, chronique-le de ta plume fleurie!"

Me voici adoubé chroniqueur officiel des "contes" de Circle of bards. Je trouille alors d'ouïr d'avinés vilains, braillant paillardes comptines, façon trompettes et confettis, "tagada tsoin tsoin" comme peuvent l'être les sauvages vikings.
Mea culpa! Circle of bards ne saurait aucunement se confondre avec une horde à banquet. La bande est menée par le blond troubadour Mariusz Migalka qui chante, gratte ses cordes et compose ce festin de folk délicat. Il puise son souffle dans les héritages celtes et médiévaux que ne renierait pas les royaumes blind-guardianiques et jethro-tullesques. Ce bon seigneur nous offre 11 ritournelles acoustiques qui ne souffrent d'aucun embonpoint. Honni soit les arrangements trop ostentatoires, ici, ripaillons de délicatesses et mélodies, portées avec simplicité par la guitare sèche du sieur polonais. Quelques flutiaux, violons et claviers ornent avec joliesse mais discrétion les chansons simples et reconnaissables que les bardes nous content avec gaieté. Le chant caresse l'ouïe, tantôt dans son patois, tantôt en langue anglaise et nous souffle jouvence et repos de l'esprit après moult lunes à ripailler de metal extrême. D'aucuns craindraient trop grande joyeuseté, à en devenir pompeux. Qu'ils se rassérènent, il n'en est rien. Les bardes insufflent d'autres sentiments à leurs contes chantés, chevauchant parfois des contrées mélancoliques.
Las! Ce voyage musical s'achève trop promptement tant l'on s'accoutume prestement aux refrains astucieux et aux chœurs enjoués (lorsque les bardes entonnent "laï lalalaalaïï!", succulent).
Je n'aurais l'outrecuidance de les encenser pour leur originalité, car il n'en est que peu ou prou; il n'en est point nécessaire d'en faire trop quand la manière suffit.
De grâce, mes seigneurs, si d'aventure vous choyez sur ce disque, n'hésitez point à en découvrir les attraits. Son ambiance légère et ses comptines mélodieuses sauront vous sustenter les conduits auditifs.
 
(Pour ceux qui n'ont rien compris: Circle of bards joue du folk 100% acoustique aux influences médiévales. La musique est mélodique, catchy, et d'humeur plutôt joyeuse sans tomber dans une ambiance de foire à la saucisse. Sans originalité renversante, ce disque est entrainant, feutré et chantant. Ça rend joyeux. C'est rare. Si vous aimez la face folk de Blind guardian ou Jethro Tull, foncez, c'est "bonnard". Maintenant que vous avez compris, relisez et profitez en pour enrichir un peu votre vocabulaire, kikou lol).