On raconte que la Sibérie est considérée comme le lieu de passage du chamanisme, un lieu habité par de nombreux groupes ethniques différents…ces groupes ont beaucoup observé ces pratiques chamaniques, alors que beaucoup de sources ethnographiques classiques de « chamanisme » ont été enregistrées entre les peuples de Sibérie. Un chamanisme fondé sur la prémisse que le monde visible est envahi par des forces invisibles ou des spiritueux qui affectent la vie des vivants…

Originaires de Russie, les membres de Kamlath ont toujours considéré ces mythes chamaniques comme réels et faisant intégralement partie de la culture sibérienne. Grâce à ce tout premier album nommé « Stronger Than Frost », Kamlath désire, à travers sa musique, parler de la Sibérie, ses habitants, leur fierté, leur destin plein d’héroïsme et de tragédie à travers des milliers d’années…un idéal plutôt bien intégré dès l’intro de l’album (« Isgher ») ainsi que les dernières minutes de « From Siberian Deeps » avec cette voix délicate et ce léger vent en arrière plan. On remarquera aussi la profusion de titres évoquant le froid, comme le dernier cité, ainsi que « Seven Thousant Winters » ou encore « Stronger Than Frost ». Le groupe lui-même se qualifie de Siberian Metal.

Mais outre cette appellation pas totalement significative, on se retrouve ici avec un album de Dark Metal, à la contrée des genres plus précisément, entre heavy, doom et parfois death voire black. Difficile de trouver un style prédéfini tant le mélange est homogène. Par contre, et c’est un fait, l’ensemble est plutôt sombre, lent, réalisé tout en finesse et délicatesse. Pas de violence, hormis des riffs efficaces et tranchants. Le rythme est très posé et souvent linéaire, mais il représente cet état de transe dans lequel le chaman peut s’exposer. Des mélodies hypnotiques, parfois glaciales, des paroles pour le moins très poétiques et bucoliques, une guitare principale aux riffs complexes et intéressants, et surtout une voix. Les harmonies vocales sont pour le moins majestueuses et vraiment enivrantes, une palette vocale conférant à l’album un côté lourd mais éthéré, permettant à l’auditeur de s’immerger dans la beauté de cette terre inconnue qu’est la Sibérie.

Le clou du spectacle, c’est la composition du line up. On retrouve dans les rangs de Kamlath, entre autres, l’ex batteur de Within Temptation, ainsi que le très bon guitariste Mike Wead, qui a déjà joué avec Diamond Head, Merciful Fate et Candlemass, et bien sûr, le chanteur Marco Benevento, leader de The Foreshadowing…

Un album relativement intéressant et différent de ce qu’a l’habitude de nous proposer Solitude Productions. Du bon son, une bonne ambiance et un concept relativement…rafraichissant ! Un groupe à suivre, nous gratifiant d’un tout premier bébé vraiment bien réalisé et maîtrisé.