La scène « death metal » américaine regorge de pépites qui ne demandent qu’à percer. Bel exemple que ce jeune groupe new-yorkais PYRRHON, formé en 2008 et qui, avec son premier album « An Excellent Servant but A Terrible Master », met un pas dans la cour des très grands, avec cet album de « death technique » purement jouissif et d’une improbable maturité. Les informations sur le groupe sont plutôt limitées, ses membres ne semblent pas avoir joué dans d’autres projets connus, la seule référence étant le nom de Colin Marston (GORGUTS, entre autres) au mastering, et surtout il est relativement difficile de les trouver dans une recherche Google puisqu’on trouvera surtout un nombre conséquent de pages sur un dénommé Pyrrhon, philosophe de son état et théoricien du Scepticisme. Sceptique, je ne le serais pourtant pas quant au fait que ce groupe saura trouver son public et acquérir un nom à la hauteur de son talent.

Le quatuor évolue pourtant en terrain connu, dans un registre « death technique » qui n’est pas à rapprocher des productions récentes à la DECREPIT BIRTH. Ici, pas de démonstration de vélocité pure, mais plutôt quelque chose à rapprocher de groupes plus anciens comme ULCERATE ou CYNIC, pour la rythmique désarticulée et constamment changeante, aux passages atmosphériques, sombres et alambiqués à la GORGUTS. La ressemblance avec ces derniers est vraiment énorme et certains passages auraient vraiment pu faire partie d’un « Obscura » ou d’un « From Wisdom To Hate », avec des passages plus ralentis, faisant penser parfois à du « stoner », voire du « sludge ». Ne vous étonnez pas si vous trouver dans cet album des éléments de « punk », de « free jazz », de « musique psychédélique », d’ « ambiant », de « doom » ou autres. On est ici dans une démarche assez intellectuelle voire même très expérimentale sur les deux derniers titres, mais d’une redoutable cohérence allant jusqu’à faire penser à la référence du style « Unquestionable Presence » d’ATHEIST, la noirceur en plus. D’ailleurs la voix du chanteur Doug Moore est assez variée, à l’encontre de la mode actuelle du tout-guttural, et évoquera par endroit celle de Kelly Schaefer avec sa diction presque râpée (Ecoutez le début d’ « A Terrible Master »), même si elle partira dans d’autres directions, growlée ou hurlée, modifiée ou non… Les musiciens dégagent une belle assurance et beaucoup de variété dans leur jeu, que ce soit les bridges du bassiste Erik Malave, les breaks adroits du batteur Alex Cohen, ou encore les soli décharnés du guitariste Dylan DiLella. Au milieu de morceaux tortueux et sinueux, on aura aussi l’occasion de pouvoir respirer un peu dans des morceaux plus conventionnels et efficace, tel « Correcting a Mistake ».

Au final, un album de « death technique » plus que recommandable et qui, pour une première œuvre, est proprement soufflante, tout en demandant beaucoup à son auditeur…
PYRRHON a fait une synthèse de nombreuses influences et s’ajoute dans la liste des groupes au summum de ce qui est fait en matière de « death technique »… Une harmonie macabre et apocalyptique combinée à une technique sans faille, le tout emprunt d’une inspiration géniale et débridée, bref, un CD à mettre dans toutes les oreilles averties.