Les australiens de LO ! n’auront pas mis longtemps à se faire repérer. Leur premier E.P vient tout juste de voir le jour que déjà PELAGIC RECORDS sort leur premier album, à peine un an après ce premier jet. Mais rien n’est fait à la va vite car LO ! ne choisit pas la facilité dans ses morceaux. On est loin du "hardcore" classique tel qu’il était joué à la base. Les groupes ont énormément évolué avec le temps. On cite notamment pour ce combo de Sydney des références telles que CONVERGE, BREACH, OLD MAN GLOOM.

La production de ce « Look And Behold » est impeccable. On n’a pas forcé sur les nouvelles technologies de manière excessive. Le son est gardé dans sa pureté, mais aussi dans sa puissance première. Il est fort agréable de pouvoir apprécier ce style de production assez éloignée des triggers et autres effets numériques et digitaux. On retrouve un grain acoustique fort intéressant. Il serait bon que d’autres formations ne passent pas à côté de cette touche essentielle lors de leurs enregistrements. La musique est quelque chose d’organique, pas de numérique. Faire jouer des ordinateurs revient à dénaturer totalement l’exécution première qui, elle, ne pourra jamais subir l’épreuve du temps.

« Look And Behold » ne comprend pas moins de 10 pistes. Pour un premier album, le combo australien a décidé de mettre ses atouts en avant. En plus d’une bonne production, on a droit à un digipack et une série de titres intéressants. Pourquoi se priverait-on alors d’une telle acquisition ? Une question de goût personnel certainement. Après une introduction chaotique qui porte le nom de « Hath », LO ! se lance dans un « Deluge (Carnivorus Flux) » très porté sur le "hardcore". On sent pourtant dans ce titre quelques influences diverses ainsi qu’une structure, une mise en place et un rythme assez peu communs pour un style qui se veut d’habitude assez direct. Bien que tout à fait abordable pour un auditeur commun, ce morceau est plutôt surprenant, mais tout à fait logique dans son ensemble. « Bastion » est, quant à lui, un peu plus déstructuré et dans une mouvance proche du "post-rock". Toutefois, le tempo est un peu rapide pour parler de "post-rock". Le rythme est entraînant et les riffs n’en demeurent pas moins accrocheurs. Le groupe devient réellement intéressant lorsqu’il se lance dans des morceaux nettement plus personnels. « Hued Tarantula » est beaucoup plus lent que ce qui figurait jusque là sur cet album. L’ambiance s’alourdit et s’assombrit grandement. Ce poids qui nous tombe dessus est parfois allégé par des parties moins chargées mais néanmoins prenantes. C’est avec ce style de morceau que le groupe a des chances de marquer les esprits. « Indigo Division » a lui aussi des chances de plaire aux amateurs de metal nouvelle génération. La lourdeur côtoie des riffs singuliers jusqu'à ce que le groupe revienne à plus de rapidité, le tout agrémenté de mélodies rappelant quelques groupes de "rock stoner".
« Moira Kindle » est lui aussi assez singulier. Les couplets de ce morceau ont tendance à rappeler ce qu’a pu faire un certain Mike PATTON (FAITH NO MORE, FANTOMAS, Mr BUNGLE) avec des voix très claires à la limite du crooner. Le reste du morceau est plus dans la lignée de ce que propose le groupe sur le reste de l’album. Ce premier album se conclue sur « Fire At The Child Actors Guild ». Ce titre est dans la veine des morceaux "hardcore" assez déstructurés avec des riffs puissants et entêtants. On termine un peu sur la même note que celle sur laquelle on avait commencé. Ainsi, la boucle est bouclée et l’on peut revenir avec plaisir sur le début de l’album car il y a un bon nombre de choses intéressantes à découvrir sur ce disque. Avant de s’en imprégner totalement, il vous faudra tout de même un peu de temps.

LO ! fait partie de ces groupes qui proposent une certaine forme de renouveau dans la scène metal. On ne peut nier ces groupes qui proposent la différence, surtout si cela est bien exécuté et bien mené. Nul doute que les connaisseurs saisiront leur chance afin de se procurer cette galette.