Selon WELLE : ERDBALL (W:E), la production des hits de musique pop et les chansons primées au concours de l'eurovision seraient des facteurs empêchant le déclenchement de l'apocalypse nucléaire.
Très bien, il n'en faut pas plus pour comprendre que pénétrer dans l'univers de ce groupe et de leur dernier disque "Der kalte krieg" (La guerre froide) nécessite un sacré recul et un esprit réceptif au second degré.

À vrai dire, la pochette (version digipack ou version standard), qui a du rendre aveugle bon nombre d'imprimeurs d'outre Rhin fait un peu peur et n'incite guère à l'écoute. En regardant de plus près le reste de la discographie de W:E, il apparait clair que le groupe cultive un gout très prononcé pour le kitch et le premier titre, une reprise du thème de James Bond, ne peut que le confirmer.

Le titre de l'opus prend donc tout son sens, les musiciens se glissent dans la peau d'agents secrets. Leur mission ? Venir détourner des tubes tirés essentiellement de la musique allemande dans des versions électroniques désuettes. En clair, du démodé revisité à la mode kitchissime.
Depuis les années 90, W:E s'est illustré dans le monde des musiques électroniques et développant le concept de bitpop, c'est à dire, la composition d'une musique synthétique utilisant de vieux modèles de consoles de jeu ou d'ordinateurs (dans le cas présent le "Commodore64", un nom qui a lui seul laisse rêveur tout geek qui se respecte).
Le résultat ? Des compositions minimalistes, aux sonorités d'un autre temps. Tout le monde dans son enfance a eu l'occasion de poser ses doigts sur un vieux synthétiseur et d'en tester tous les sons. Mais peu ont osé en faire des disques; WELLE : ERDBALL eux, l'ont fait.

"Der kalte krieg" regroupe ainsi le pire de la musique électronique : boîte à rythme binaire, sons synthétiques période 80s, bruits de jeux videos, voix de robot et surtout les fameux "clap". Le groupe nous épargne avec sagesse les gros "beat" pour des pulsations plus en retenue. Terriblement jouissif pour les uns ou tout simplement insupportable pour les autres, "Der kalte krieg" et ses bidouillages artisanaux n'épargnent effectivement pas les tympans. Composé essentiellement de reprises (de Stahlnetz "Vor all den Jahren", Nicole "Ein bisschen Frieden", Stefan & Nina "Feuerwerk", Cat Stevens "If You want to sing out", Gänsehaut "Karl der Käfer", Der Liederkranz "Eine neue Zeit", The Cabinet "Kabinett" et de Chris Roberts) l'album ne donne assurément pas envie d'écouter les versions originales.

Par ce détournement de son, W/E s'inscrit visiblement dans une démarche artistique destinée à attirer l'attention sur le but et l'utilité d'un "hit". Ou bien, ne faut-il voir dans "Der Kalte krieg" qu'une utilité purement récréative ? La question reste en suspens. Quoiqu'il en soit, le disque garanti de bons moments de rires et d'amusement entre amis, mais une fois l'effet de surprise passé, l'écoute pourrait s'avérer plus fastidieuse, voire irritante.